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Chronique des matières premières

Chronique des matières premières

RFI

Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

633 - L'Inde lève les restrictions à l'exportation pour l'oignon
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  • 633 - L'Inde lève les restrictions à l'exportation pour l'oignon

    C'est l'un des aliments les plus consommés au monde : l'oignon. Depuis plusieurs mois, l'Inde, l'un des plus gros producteurs et exportateurs mondiaux, avait mis en place de sévères restrictions à l'exportation. Objectif : contrôler la flambée des prix sur le marché intérieur. Des mesures qui viennent d'être levées.

    En Inde, les médias parlaient de « guerre de l'oignon ». New Delhi avait pris tout le monde de cours en décembre dernier en interdisant tout export du bulbe, et ce jusqu'au mois d'avril au moins. Cela intervenait après l'imposition d'un droit de douane puis d'un prix plancher de 800 dollars la tonne. Des mesures qui avaient un objectif : faire baisser le prix de l'oignon sur les marchés indiens. Plébiscité par la population, le bulbe avait vu son cours s'envoler : 60 roupies le kilo en décembre dernier, soit le double de l'année précédente.

    Intenable en pleine période pré-électorale pour le gouvernement Modi, qui tente à tout prix de contenir l'inflation. Des mesures similaires ont d'ailleurs été mises en place pour le riz, le sucre ou encore les céréales. Interdit à l'exportation, l'oignon, comme le riz, est devenu un outil diplomatique pour l'Inde. Ces derniers mois, certains pays ont négocié des autorisations exceptionnelles. Ce fut le cas des Émirats arabes unis, du Sri Lanka ou du Bangladesh par exemple.

    Une décision politique ? 

    Mais après cinq mois, la mesure a été levée ce samedi. Le gouvernement impose toutefois un prix minimum de 550 dollars la tonne métrique à l'exportation. Une décision qui semble politique. L'État de Maharashtra, dans l'ouest du pays, est un très gros producteur du bulbe. Et le vote pour les élections générales n'y a pas encore commencé. Or, depuis plusieurs mois maintenant, agriculteurs et exportateurs y réclament une levée de l'interdiction pour obtenir de meilleurs prix.

    D'autant que les producteurs d'oignon devraient obtenir de bons rendements cette année. Un officiel indien, cité par Reuters, dit attendre une bonne production en 2024, après une « mousson plus importante que d'habitude ».

    Fri, 10 May 2024
  • 632 - Dégringolade sur le marché du coton, un «juste» retour à la réalité

    Le cacao n'est pas la seule matière première à avoir chuté sur le marché ces derniers jours. Les prix du coton ont aussi « dévissé » pour retomber en dessous de 80 cents la livre. Ils retrouvent un niveau « plus naturel », qui reflète l'abondance de l'offre face à une demande peu dynamique.–

    Chez les négociants en coton, on parle d'une « correction », ou d'un « retour à la réalité du marché », c'est-à-dire un retour à des prix plus justes, contrairement à ceux atteints fin février et qualifiés d'artificiels. Cette dernière poussée de fièvre n'aurait été que spéculative, provoquée par des fonds d'investissements qui ont fini par se retirer du marché, faisant baisser immédiatement la tension. 

    Ce retrait des fonds coïncide avec l'allocution, la semaine dernière, de Jerome Powell, relève la dernière revue de marché hebdomadaire de Mambo Commodities : le président de la FED avait alors rassuré sur l'évolution de l'inflation, et balayé la perspective d'une hausse des taux d'intérêt, provoquant un désengagement des fonds du marché du coton. Si la chute des cours du coton était donc attendue, « c'est son ampleur qui surprend », explique un négociant, « et sa rapidité ». 

    Offre pléthorique et demande calme

    Les prix actuels sont donc plus conformes, avec le marché et l'offre abondante, pour ne pas dire pléthorique : la récolte ouest-africaine a récupéré de son année catastrophique avec un retour à des bons niveaux (1,1 million de tonne de coton fibre attendu pour la région), notamment pour le Maliqui devrait retrouver sa place de premier producteur africain.

    Ailleurs, l'abondance s'annonce au Brésil, qui attend 3,5 millions de tonnes d'or blanc. Le coton brésilien devrait s'imposer cette année encore comme le grand concurrent du coton américain, alors même qu'aux États-Unis aussi, la récolte pourrait être bien meilleure que celle de l'année dernière.

    Les exportateurs vont « souffrir »

    Cette masse de coton qui s'annonce donc sur le marché, fait face à une demande relativement calme, et aucune embellie n'est à venir à en croire plusieurs acteurs de la filière. Une combinaison qui justifie les prix actuels, avec des conséquences pour tous les grands exportateurs que sont le Brésil, les États-Unis, l'Australie et les pays producteurs ouest-africains.

    « Tous ceux qui ont du coton à vendre devraient souffrir », résume un de nos interlocuteurs. C'est en particulier vrai pour les Maliens, et les Burkinabè qui auraient encore beaucoup de stocks à écouler.

    Thu, 09 May 2024
  • 631 - Xi Jinping en France: bilan mitigé pour la filière de la viande française

    C'est le premier importateur de porc français hors Union européenne : la Chine est un débouché crucial pour la filière porcine, avec 140 000 tonnes exportées en 2022. En marge de la visite en France de Xi Jinping le 6 mai 2024, des discussions ont eu lieu. L'objectif est d'augmenter les exportations françaises dans l'Empire du milieu. Au terme de la visite d'État, plusieurs accords ont été annoncés.

    Dès la fin de la rencontre bilatérale avec Xi Jinping, le ministre français de l'Agriculture s'est empressé de saluer la « vitalité » de la relation franco-chinoise, et d'annoncer deux accords importants pour la filière porcine. Désormais, les éleveurs français pourront exporter des abats blancs en Chine (des parties comme l'intestin ou l'estomac, issus du système digestif du cochon), mais aussi ce que l'on appelle des protéines transformées de porc.

    Deux mesures saluées par l'interprofession. Anne Richard, la directrice de l'Inaporc souligne des engagements « très positifs ». Elle estime que ce nouveau débouché augmentera de 10% les exportations françaises de porc vers la Chine, soit environ 26 millions d'euros.

    « C'est déjà ça de pris »

    Mais est-ce vraiment un pas important pour le commerce franco-chinois ? « Oui et non » répond Jean-Paul Simier, co-auteur du rapport Cyclope sur les matières premières. « Ce sont quelques petites avancées, c'est déjà ça de pris » estime l'expert, pour qui la vraie question est ailleurs. Car ce que tout le monde attend, ce sont des progressions sur le dossier de la viande bovine.

    Le bœuf, très prisé par les Chinois les plus aisés, fait l'objet d'une dispute entre la Chine et la France. Depuis plus de 20 ans, Pékin a décrété un embargo sur le bœuf français après la crise de la vache folle. Malgré les multiples tentatives, cet embargo n'a toujours pas été levé.

    « Ça, cela aurait été une vraie concession », souligne Jean-Paul Simier, qui note que Pékin fait le choix de « diviser pour mieux régner » en matière commerciale. La Chine a en effet levé l'embargo similaire imposé à l'Allemagne lors de la dernière visite d'Olaf Scholz le mois dernier, mais refuse toujours de le faire pour la France. Pour l'expert, c'est simple, « le jour où les pays européens négocieront d'un seul bloc, ils seront plus forts et obtiendront de vraies avancées commerciales ».

    À lire aussiPourquoi la filière du porc ne profite-t-elle pas du Nouvel An chinois?

    Wed, 08 May 2024
  • 630 - Le risque climatique menace 70% des minerais essentiels à la transition énergétique

    Le réchauffement climatique et notamment le risque accru de sécheresses aura des conséquences de plus en plus importantes sur la production de certains minerais dont certains s'avèrent critiques pour la transition énergétique. C'est ce qu'affirme un rapport du cabinet d'audit britannique PWC. Ainsi, Plus de 70% de la production de cuivre, de cobalt et de lithium pourrait être confrontée à un risque de sécheresse important, voire élevé, d’ici 2050. 
     

    Le rapportdu cabinet PricewaterhouseCoopers a analysé trois minerais critiques (le cuivre, le cobalt et le lithium) ainsi que trois cultures essentielles (le blé, le riz, et le maïs) et trois métaux vitaux (le zinc, le fer et l'aluminium). Ces neuf matières premières sont toutes confrontées à un risque exponentiel de chaleur et de sécheresse dans les décennies à venir.

    Ainsi, 90% de la production mondiale de riz pourrait être confrontée à un stress thermique important d'ici 2050. Même chose pour plus de 30% du maïs et 50% du blé. Un scénario qui s'avère inéluctable même si les émissions de gaz à effet de serre réduisent. Or, ces trois cultures représentent 42% des calories consommées à travers le monde. Le risque le plus important porte sur le riz, qui est le plus souvent cultivé dans des conditions de risque sécheresse important ou élevé.

    À lire ou a écouter aussiJapon: la riziculture en crise en raison du réchauffement climatique

     

    Les minerais critiques que sont le cuivre, le cobalt et le lithium ont la particularité d'être aussi des éléments essentiels pour conduire la transition engagée vers les énergies renouvelables et la décarbonation. Ces trois minéraux font en effet partie intégrante de l’électronique et des technologies d’énergie propre.

    Et là encore, les prévisions sont extrêmement pessimistes puisque plus de 70% de la production de cobalt et de lithium pourrait être confrontée à un risque de sécheresse important, élevé ou extrême, même si le monde réduisait considérablement ses émissions de carbone.

    PWC note dans ses conclusions qu'il reste beaucoup à faire pour atténuer ces risques, car si de nombreuses entreprises se concentrent déjà sur la protection de leur personnel et de leurs actifs physiques contre les risques climatiques, elles doivent faire plus pour adapter leurs moyens et leurs modes de production ainsi que leurs consommations d'énergie. Elles doivent aussi comprendre leur impact sur le dérèglement climatique qui menace sérieusement et de manière croissante la capacité mondiale à produire des produits essentiels dans l'alimentaire, mais aussi des matériaux eux-mêmes nécessaires à la transition vers le net zéro. 

    À lire aussiFamine, sécheresse: une étude pointe l'impact socio-économique du changement climatique en Afrique

    Tue, 07 May 2024
  • 629 - Charbon: recomposition de la demande, qui reste toujours record en Asie

    Est-on en train s'assister à un déclin de la demande en charbon ? Le G7 a décidé la semaine dernière de supprimer progressivement d'ici à 2035 les centrales à charbon. C'est la première fois que des pays industrialisés se fixent un agenda commun relatif à l'énergie fossile la plus polluante. Mais le charbon a encore de belles années devant lui : l'Asie s'illustre toujours par une demande record.

    Les pays du G7 ne représentent, « que » 21% des émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres pour 2021 de l'institut d'analyse du climat. Aussi importante soit-elle, la décision prise la semaine dernière est donc à relativiser. 

    Le marché est aujourd'hui essentiellement tiré par l'Asie qui a consommé en 2022 plus de 80% du charbon mondial, selon une étude de la société de conseil Global Sovereign  Advisory. Un marché lui-même dominé par la Chine à hauteur de 55% suivie de l'Inde avec 13%. 

    La Chine proche de son pic de consommation mais pas l'Inde

    Cet état des lieux pourrait évoluer rapidement : la Chine - dont la consommation a triplé en deux décennies - serait proche de son pic de consommation, avec une baisse qui pourrait se concrétiser dès cette année selon les scénarios les plus optimistes, et ce, grâce notamment à la croissance exponentielle des énergies renouvelables alors que la demande indienne - qui a aussi triplé en deux décennies - reste sur une pente ascendante.

    Cette dépendance du pays au charbon est susceptible de durer encore jusqu'en 2040, selon l'institution BloombergNEF citée par Global Sovereign Advisory, tout simplement parce que le charbon est la principale source de production d'électricité en Inde et que s'en passer trop vite pourrait compromettre la croissance économique du pays.

    Mais le géant indien ne sera pas seul à alimenter la demande asiatique dans les prochaines années. L'Indonésie devrait bientôt dépasser le Japon pour devenir le quatrième consommateur mondial. Son appétit est tiré par la production de nickel, utilisé dans les batteries : l'industrie a besoin de grandes quantités de charbon pour le processus chimique de fabrication du métal, mais aussi sous forme d'électricité.

    D'autres pays de l'Asean affichent également une demande en hausse, le Vietnam, les Philippines et la Malaisie.  

    Des prix plus élevés en Asie qu'en Europe

    Dans cette reconfiguration à venir de la demande asiatique, difficile d'anticiper quel sera demain l'équilibre entre l'offre et la demande et donc quels seront les niveaux de prix. Publiées en janvier, les prévisions 2024 du rapport Cyclope sur les matières premières annonçaient un prix à la baisse au vu de la diminution de la demande européenne, avec des prix qui resteraient plus élevés en Asie. 

    Mon, 06 May 2024
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