Filtrar por género

Grand reportage

Grand reportage

RFI

RFI propose un grand reportage réalisé par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde. Diffusion du lundi au jeudi à 19h40 TU. (et 03h10 TU du mardi au vendredi, à partir du 31 mars 2024). 

Le samedi et le dimanche à 09h10 TU, Patrick Adam, rédacteur en chef de l'information monde vous présente une version enrichie, sur 50 minutes avec la diffusion de deux Grands Reportages et à l’issue, un entretien avec leurs auteurs.

807 - En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines
0:00 / 0:00
1x
  • 807 - En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

    Les bisons américains ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle, et avec eux tout un pan de la culture autochtone du continent. Au Canada, ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones.

    Dans les vastes plaines jaunies du sud de l'Alberta balayées par le vent, le bâtiment du centre d'interprétation de Head-Smashed-In est parfaitement intégré dans l'une des falaises des plateaux situés au pied des montagnes des Rocheuses.

    Quinton Crowshoe, membre de la communauté des Piikani, est guide à Head-Smashed-In, site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : c'est là, du haut de cette falaise, que ses ancêtres chassaient le bison. Rassemblés dans un bassin, les bisons étaient attirés jusqu'au bord des falaises au soleil levant. Éblouis et effrayés par des Piikanis, ils se précipitaient dans le vide. Au pied de la falaise, les autres membres de la communauté les achevaient, puis utilisaient l'intégralité des carcasses pour survivre au rude hiver du continent.

    Le centre de Head-Samshed-In reçoit chaque année plus de 80 000 visiteurs. Pour Quinton, perpétuer cet héritage, c'est aussi reconnaître l'importance des bisons pour les écosystèmes des Grandes Plaines. « Lorsque le Créateur a créé les bisons, il a conçu leurs sabots de manière à ce que, lorsqu'ils se déplacent, ils aèrent naturellement le sol. Ils nourrissent le sol une fois qu'ils ont mangé toute l'herbe, puis se déplacent vers leur prochaine zone de pâturage. Ils laissent derrière eux une formidable fertilisation », explique le petit-fils de Joe Crowshoe Senior, qui a participé à la création de ce centre d'interprétation.

     

    Un allié écologique

    Les peuples autochtones connaissent depuis toujours le potentiel écologique du bison, mais il a fallu qu'il manque de disparaître pour que les Blancs réalisent l'importance de leur rôle. Les bisons ont été presque annihilés pour leur cuir, utilisé dans les courroies des machines lors de la révolution industrielle en Europe, et pour chasser les peuples autochtones des plaines que les animaux avaient fertilisées. À la fin du XIXè siècle, il n'en restait plus qu'une poignée, contre des dizaines de millions un siècle plus tôt.

    Dans le nord de l'Alberta, près du parc national de l'Île aux Élans, Wes Olson, ancien employé de Parc Canada et spécialiste du bison, a établi sa résidence. « Les bisons sont des espèces-clé, et lorsqu'ils ont été retirés des grandes plaines d'Amérique du Nord ou de tout autre endroit où ils vivaient, ces écosystèmes se sont généralement effondrés », explique le passionné. Wes Olson a participé à la réintroduction des bisons dans le parc national canadien de Banff, en 2017, aux côtés de Dillon Watt, toujours employé là-bas.

    Casquette visée sur la tête, le travailleur de Parc Canada explique : « Aujourd'hui, il y a un peu plus de cent bisons dans le parc national de Banff. Nous avons commencé avec 16 animaux en 2017. On peut parler d'une réussite, même si beaucoup de choses restent à accomplir, notamment pour faire cohabiter l'homme et l'animal sauvage ». Aujourd'hui, le bison n'est plus une espèce en danger. Rien qu'au Canada, on compte plus de 12 000 bisons des plaines et des bois en liberté, et près de 150 000 bisons d'élevage.

     

    Une économie écologique ?

    Dans un café de Calgary, la ville la plus peuplée de l'Alberta, le rendez-vous est pris avec Kelly Long. À la tête de l'entreprise Noble Premium Bison, la femme d'affaires exporte de la viande de bison jusqu'en Europe. Pour Kelly, cultiver le bison permet de promouvoir un élevage plus responsable : en moyenne un producteur canadien détient seulement 150 têtes dans sa harde. « Nous ne pratiquons pas d'insémination artificielle et nous ne donnons pas d'hormones de croissance. La façon dont nous élevons les animaux ajoute de la valeur à la terre, aide l'environnement, aide le sol, aide à séquestrer le carbone, aide le bassin versant, aide la diversité des plantes ».

    George Briggs est éleveur de bisons depuis une trentaine d'années dans le centre de l'Alberta. Il a une harde qu'il ne touche pas, et des veaux qu'il envoie à la boucherie tous les dix-huit mois. Dans ses champs, une centaine d'animaux profitent d'un terrain de 250 hectares. Le mâle est gigantesque et sa fourrure est encore épaisse de l'hiver. Son garrot atteint la fenêtre de son pickup pourtant bien américain.

    Pour George, le bison est clairement un allié écologique. « Avant, ce champ était un champ de culture intensive. Quand je l'ai acheté pour y mettre des bisons, le voisinage m'a pris pour un fou. Aujourd'hui, le champ respire, la terre est noire, les oiseaux sont revenus et j'ai pu y planter des arbres », explique l'éleveur, qui habite juste à côté de son champ. Élever le bison, c'est aussi faire sa part pour compenser la lourde responsabilité des Canadiens blancs dans sa disparition. « Ils essayaient de forcer les Premières Nations à se déplacer plus loin. Sans ces quelques personnes qui ont capturé ces animaux pour les placer dans des parcs, nous n'aurions probablement plus de bisons aujourd'hui, n'est-ce pas ? », soupire le rancher.

    Il y a dix ans, un traité pour les bisons a été signé entre différentes Premières Nations pour encourager leurs réintroductions dans les Plaines. Les réserves autochtones sont de plus en plus nombreuses à en accueillir, même si la mer de bison décrite par leurs ancêtres dans les Grandes Plaines risque de ne jamais revenir.

    Thu, 09 May 2024
  • 806 - Cameroun : les échos de la crise anglophone dans la région francophone de l’Ouest

    Nous sommes dans l’ouest du Cameroun, une région francophone qui, depuis 4 ans, subit des attaques attribuées aux séparatistes anglophones. Bilan de la dernière attaque : neuf morts et une dizaine de personnes enlevées. C’était à Bamenyam, un petit village enclavé dans l’arrondissement de Galim. Désormais, les populations des villages de l'ouest du Cameroun, limitrophes avec les régions anglophones, apprennent à vivre avec ce risque d'incursion.

    Wed, 08 May 2024
  • 805 - Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille

    Elle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité.

    « Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille », un Grand Reportage de Christophe Diremszian.

    Tue, 07 May 2024
  • 804 - L’Allemagne face à l’extrême droite : les raisons d’une percée électorale

    Deuxième volet de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite. Cela a changé avec le parti AfD, l’Alternative pour l’Allemagne. Il pourrait devenir la deuxième force politique lors des élections européennes. Fondée, il y a 11 ans, cette formation classée « d’extrême droite avérée » par plusieurs gouvernements régionaux, ne cesse de gagner du terrain. Et cela malgré les scandales qui ont touché le parti, des procès pour incitation à la haine aux accusations récentes d’espionnage.

    Nous sommes sur le marché d’Oberursel, une ville dans la banlieue aisée de Francfort. C’est le début de la campagne électorale pour les Européennes. Les partis politiques ont installé leurs stands. Celui de l’AfD se trouve à côté d’un manège pour enfants. Peter Lutz de la section locale du parti distribue des brochures avec le slogan : « Pour une remigration légale au lieu d’une immigration illégale ». Il faut savoir qu’en Allemagne, le terme « remigration » fait polémique depuis quelques mois. En novembre dernier (2023), une réunion secrète révélée par la presse avait eu lieu à Potsdam, avec des néonazis et des cadres de l’AfD. L’objectif : discuter d’un « plan remigration », soit l’expulsion de millions d’étrangers et de personnes considéréees comme « non assimilées ». Cette réunion a provoqué un tollé mais n’a pas porté préjudice à l’AfD, explique Paul Beuter, un autre cadre du parti à Oberursel : « De plus en plus de gens se rendent compte que leurs préoccupations sont ignorées par les partis traditionnels. Ça commence par la politique d’immigration qui va au-delà de ce que ce pays peut supporter. »

    Paul Beuter cite l’exemple de sa ville d’Oberursel qui a dû construire deux nouveaux centres d’accueil de réfugiés, pour un total de 550 personnes. Et en plus, trois nouveaux postes à la mairie pour gérer ce dossier. Selon Peter Lutz, « on a laissé entrer trop de migrants en Allemagne. Tous ceux qui n’ont plus le droit de rester, qui viennent des pays sûrs ou qui devraient être reconduits, doivent partir. »

    En Hesse, l’AfD attire les cadres moyens

    L’AfD a été fondée ici à Oberursel, il y a onze ans, par une vingtaine de personnes, notamment des professeurs d’université et des intellectuels de droite. Parmi eux, Konrad Adam, ancien journaliste au quotidien conservateur et libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung. Aujourd’hui âgé de 82 ans, il rappelle l’objectif de départ : « relancer la démocratie ». Déçus à l’époque de voir tous les partis « aller dans la même direction », les fondateurs de l’AfD voulaient créer un parti d’opposition national-conservateur pour « permettre aux citoyens d’avoir le choix lorsqu’ils se rendent aux urnes ». Mais pour Konrad Adam, le parti a pris un virage trop extrême. En 2020, il claque la porte de l’AfD, au moment de ses premiers succès électoraux.

    En Hesse, l’une des régions les plus riches du pays, l’AfD est devenue la deuxième force politique, après le parti conservateur de la CDU. Parmi ses bastions, la Wetterau, une région rurale à une heure de route de Francfort. À Schotten, jolie bourgade avec ses maisons à colombages, Thomas est en train de charger ses courses sur un pick-up. Oui, cela fait des années qu’il vote pour l’AfD, explique ce sexagénaire. Et tous ses amis font pareil. Selon cet agent administratif, cadre moyen dans le service du ramassage des ordures, le pays va dans la mauvaise direction. Il refuse la politique « va-t-en guerre avec la Russie », pense que Moscou et Kiev devraient « gérer leurs problèmes entre eux ». Il est parti de Francfort où il a vécu 40 ans : « Il y avait trop de bars à chicha, je n’entendais plus ma langue. » Financièrement, explique-t-il, ça va, il s’en sort bien. Mais il a toutefois peur du déclassement social, une fois devenu retraité. « J’espère que vous n’allez pas déformer mes propos comme le fait souvent la presse », lance-t-il, à la fin de la conversation.

    « Je voterai pour protéger la démocratie »

    Pourquoi un tiers des électeurs de cette région ont-ils voté pour l’AfD ? Difficile à comprendre pour cet agriculteur bio qui nous accueille dans sa ferme mais préfère rester anonyme. Voici tout ce qu’il sait : de plus en plus de personnes autour de lui, des clients, des fournisseurs, des ouvriers, des mécaniciens ou des collègues, sont attirés par l’AfD. Et cela lui pèse. « Avant, il n’y avait dans le coin que quelques types du NPD [Parti national-démocrate d’Allemagne, rebaptisé La Patrie, formation néonazie, NDRL]. On pouvait les ignorer. Mais avec les électeurs de l’AfD, toujours plus nombreux, ce n’est pas possible, surtout lorsqu’on est un entrepreneur comme moi. »Ce père de 6 enfants assure qu’il ira voter aux Européennes, car il faut « protéger notre système démocratique ».

    Tensions en hausse entre pro et anti-AfD

    En Saxe, le parti populiste est le grand favori lors des élections régionales en septembre prochain (2024). Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’ambiance dans cette région de l’Allemagne de l’Est. La tension entre sympathisants et opposants de l’AfD est particulièrement tangible à Bautzen, ville médiévale de caractère près de la frontière tchèque. Soutenu par le parti d’extrême droite, des centaines de manifestants défilent tous les lundis à travers la ville.

    C’est une procession étrange et menaçante qui inonde les rues pour converger vers la place centrale. Des jeunes néonazis côtoient parfois des membres du Black Block venus de Dresde, mais aussi de plus en plus de partisans de la Russie, sans oublier ceux qui forment la tête du cortège, portant des grandes croix blanches, pour dénoncer la politique sanitaire lors de la pandémie du Covid. Les orateurs et oratrices qui se succèdent à la tribune dénoncent pêle-mêle la politique allemande de soutien à l’Ukraine, un manque de liberté en général, l’Union européenne et l’éducation sexuelle dans les écoles.

    « Pourquoi ils gagnent deux fois plus à l’Ouest qu’à l’Est ? »

    Un homme arbore fièrement le drapeau du premier empire allemand. Cela fait « plus de trois ans et plus de 160 fois », qu’il vient ici à Bautzen, toutes les semaines. Électeur fervent de l’AfD, il dénonce la précarité des retraités en Allemagne de l’Est. « J’ai travaillé pendant 43 ans sur des chantiers et je reçois moins de 1000 euros par mois. Et tous ceux qui viennent ici, ces migrants, ils s’en sortent mieux que moi. J’ai cinq petits-enfants mais je n’ai pas d’argent pour leur faire des cadeaux. Alors ils me demandent : « Mais grand-père, tu n’as pas travaillé ? - Ben si, je leur réponds, mais je me suis fait avoir ! »Son ami, lui aussi un sympathisant de l’AfD, regrette que le salaire à l’Est soit toujours inférieur à celui à l’Ouest. « Il y a 10 ans, j’ai travaillé à l’aéroport de Francfort-sur-le-Main, j’ai gagné plus de 2000 euros. Quand je suis retourné ici, après avoir rencontré quelqu’un, j’ai touché 1000 euros de moins. Ça me rend dingue : pourquoi ces différences ? Pourquoi il ne peut pas y avoir une seule Allemagne ? »

    Ces manifestations d’extrême droite ont créé un climat pesant dans la ville, confie la directrice de « Willkommen in Bautzen » (Bienvenu à Bautzen), une association locale qui milite pour une ville ouverte et tolérante. 

    « Je ne sors plus le lundi soir et ne prends plus de rendez-vous chez le médecin », témoigne une autre habitante. Thilo Jung, un jeune responsable du parti de gauche Die Linke, acquiesce : « Une ambiance d’extrême droite s’est installée à Bautzen. Lorsque je me rends ici, je réfléchis à deux fois quel T-Shirt je mets pour ne pas provoquer de réactions violentes. »  

    Afin de ne pas laisser l’espace public à l’extrême droite, plusieurs associations de Bautzen ont créé un festival, le « Happy Monday ». Tous les lundis, des évènements culturels permettent aux habitants de sortir à nouveau « avec un sourire », comme le souligne une des organisatrices. Cette initiative déplait fortement aux milieux extrémistes de la ville qui envoient des jeunes néonazis « patrouiller » autour des concerts et autres spectacles, sous l’œil d’une dizaine de policiers qui font en sorte que le Happy Monday ne tourne pas au drame.

    En images

     

    Comment combattre l’AfD ?

    Réagir face à la montée de l’extrême droite peut prendre des formes différentes. La professeure d’histoire Katja Gerhardi a décidé de rejoindre la section locale du parti conservateur CDU de Bautzen, dont elle est devenue la présidente. « Quand j’entends les propos de l’AfD,explique-t-elle, et que je vois les groupuscules qui gravitent autour de ce parti, par exemple ici à Bautzen, j’ai très peur. Ce n’est pas un parti démocratique. Moi je suis profondément démocrate et je veux que notre démocratie continue à exister. Je veux aussi que mes trois fils continuent à vivre dans une démocratie ».

    Comment ignorer un parti désormais solidement enraciné à l’échelon local ? N’en déplaise aux dirigeants de la CDU qui mettent en garde contre des collaborations avec l’AfD, la réalité ne laisse souvent guère de choix, selon Katja Gerhardi. « Je vous donne un exemple concret : l’AfD a présenté un projet qui visait l’installation d’un abribus pour protéger les enfants de la pluie. Moi, en tant que membre de la CDU, j’ai évidemment soutenu le projet. Je n’aurais jamais pu dire : « Ah non, je vote contre parce que ça vient de l’AfD et tant pis si les enfants attendent sous la pluie ! »

    Ces débats pour savoir s’il faut ou non collaborer avec une formation que le gouvernement de la Saxe a qualifiée « d’extrême droite avérée » ne semblent pas impressionner l’électeur. Lui continue à cocher sa croix dans la case de l’AfD sur son bulletin de vote. Comme à Pirna, près de Dresde, où pour la première fois en Allemagne, le parti a conquis la mairie d’une grande ville. Tim Lochner a pris ses fonctions il y a tout juste deux mois et il est visiblement fier d’avoir fait la Une de la presse internationale.

    « Que l’AfD fasse mouche notamment ici à l’Est est lié à une partie de la population, qui a vécu la chute du Mur,explique le maire. Ceux qui ont connu la RDA sont plus sensibles à ce que disent les médias publics. Ils se souviennent qu’à cette époque les médias officiels se sont bien moqués des citoyens. Donc aujourd’hui, si vous êtes un homme politique et que vous expliquez à un ancien citoyen de la RDA dans le journal d’information comment il doit se laver les mains pendant la pandémie du Covid, il décroche. »

    Pour Tim Lochner, la politique du gouvernement comme le soutien aux grandes entreprises en difficulté rappellent le socialisme qu’il avait pensé avoir laissé derrière lui. « Quelle liberté a-t-on aujourd’hui encore ?, s’exclame-t-il. Vous pouvez vivre dans la plus belle démocratie du monde mais si vous n’avez pas d’argent, vous êtes limités dans vos mouvements ». Que ferait donc l’AfD pour aider les gens avec des revenus modestes ? « Si jamais l’AfD arrivait au pouvoir, il n’y aurait plus de taxe sur les émissions de CO2 », répond Tim Lochner qui se targue aussi d’avoir mis fin, dans une de ses premières décisions en tant que maire, à un projet de pistes cyclables dans les deux sens. « Cela aurait gêné les voitures. »

    L’AfD aspire à prendre le pouvoir en Saxe

    Après Pirna, la Saxe entière ? C’est le rêve de Jörg Urban, tête de liste de l’AfD pour l’élection régionale en septembre. Il pourrait obtenir plus de 30 % des voix mais il aura du mal à former une coalition pour gouverner. Proche de l’aile nationale-patriote du parti, il nie toute dérive extrémiste : « Pour moi, l’AfD est un parti du centre, nous ne défendons pas de positions radicales. Ce sont des légendes. »Selon Urban, ce sont les autres partis qui commencent à adopter les positions de l’AfD, notamment sur l’immigration.

    La percée électorale de l’AfD est-elle irrésistible ? Difficile à dire aujourd’hui. Mais les migrants, eux, craignent déjà une victoire plus large. Sabri Assi est un jeune Kurde de Syrie qui vit depuis sept ans en Saxe. C’est en Allemagne qu’il a appris à lire et à écrire. Avec son certificat de fin d’études secondaires, il espère trouver une formation et aimerait bien rester dans le pays. L’AfD lui fait un peu peur : « Tant que je travaille bien et que je ne fais pas de bêtises, que je me comporte bien, alors ils ne peuvent pas m’expulser. » Le discours de l’AfD lui rappelle celui des Nazis contre les Juifs : « Ce sont toujours les étrangers qui sont pointés du doigt. »

    Un étudiant en droit pakistanais rencontré à l’Université de Dresde confie : « je suis venu avec une haute opinion des Allemands, j’ai lu Nietzsche et Marx. L’avantage des pays européens, c’est que ce sont des sociétés ouvertes. Les gens sont guidés par la raison et la logique. Si à présent, un état d’esprit conservateur rétrograde se répand dans ces pays, ce serait très dangereux. Nous avons vu ce que cela donne chez nous. »

     

    Mon, 06 May 2024
  • 803 - LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête ET En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

    Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête

    Le syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental.

    Un Grand reportage de Florence Miettaux qui s'entretient avec Patrick Adam.

     

    En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines 

    Les bisons américains, aussi appelés buffalos, ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle et avec eux tout un pan de la culture de Quinton Crowshoe, membre de la communauté Piikani, une Première nation de l'ouest du Canada.

    Ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones.

    Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.

    Sun, 05 May 2024
Mostrar más episodios