Nach Genre filtern

Revue de presse Afrique

Revue de presse Afrique

RFI

Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.

734 - À la Une: la visite de Jean-Luc Mélenchon au Sénégal
0:00 / 0:00
1x
  • 734 - À la Une: la visite de Jean-Luc Mélenchon au Sénégal

    Le leader de La France insoumise (LFI) répond à l’invitation du Premier ministre Ousmane Sonko, explique Senego. Objectif, rappelle le média en ligne : « Consolider les liens entre le Pastef et la gauche radicale française qui a ardemment soutenu le camp d’Ousmane Sonko, lors de sa longue bataille judiciaire avec les autorités. »

    Jean-Luc Mélenchon « devient le premier haut responsable politique français à être reçu par le nouveau pouvoir, six semaines après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle sénégalaise », rappelle le Monde Afrique pour qui le leader de LFI « poursuit son opération séduction en Afrique ».

    Et comme pour préparer ce voyage de quatre jours, le leader de La France insoumise publie une tribune dans plusieurs médias. Un texte intitulé « À l’écoute de la leçon sénégalaise » notamment relayé par Seneplus et Xibaaru. L’occasion pour lui de pointer à nouveau du doigt la persécution politique et judiciaire contre Ousmane Sonko, de parler de « scénario traditionnel qui a frappé au Brésil, en Mauritanie, aux Philippines, mais aussi en France contre lui et ses proches », assure Jean-Luc Mélenchon.

    Un scénario au cours duquel le Monde Afrique raconte comment le leader de La France insoumise a soutenu Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, notamment via une visioconférence en avril 2023, juste avant l’incarcération de celui qui est désormais président du Sénégal.

    « Sur la scène africaine, constate le quotidien, Jean-Luc Mélenchon cultive aussi sa différence avec le gouvernement français. » Pour autant, dit le ministre de la Communication, Alioune Sall au Monde Afrique : « Il n’y a aucun malaise vis-à-vis des autorités françaises. Nous distinguons nos relations privilégiées avec des partis amis et celles, séculaires, avec la France. »

    « Cette visite entre dans le cadre de la consolidation des liens existants entre deux formations politiques qui partagent la vision d’un monde juste et solidaire dans le respect de la souveraineté de chaque peuple », rappelle le Pastef cité par Senego.

    Une délégation en mode semi-institutionnel, semi-militant selon Jean-Luc Mélenchon

    Après avoir rencontré Ousmane Sonko, Senego parle pour la délégation LFI d’une « série d’activités dont une conférence publique avec les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar demain sur l’avenir des relations Afrique-Europe ».

    Une chose semble certaine à en croire Le Monde Afrique : « Jean-Luc Mélenchon, fort de sa rhétorique anti-impérialiste, laboure le terrain africain à la recherche d’alliés et de popularité. » Le Burkina Faso en 2021, « où il avait rendu hommage à la figure de proue du panafricanisme, Thomas Sankara ». Kinshasa, et la République démocratique du Congo en octobre dernier ou c’est « devant le mémorial honorant Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise assassiné en 1961, que le Français s’inclinait ».

    Et le député LFI Arnaud Le Gall précise la position de son parti : « On œuvre pour une diplomatie non alignée qui n’est ni la neutralité ni l’isolement et nous refusons l’enfermement dans l’entre-soi occidental. »

    Une question reste pour le moment sans réponse : Jean-Luc Mélenchon va rencontrer Ousmane Sonko. Mais selon Dakar, aucune rencontre n’est« au programme pour le moment »avec le nouveau président sénégalais, mais« elle n’aurait rien d’incongru », ajoute le Monde Afrique.

    La crise Bénin-Niger

    « Qui pour jouer la médiation ? », se demande La Nouvelle Tribune. Le quotidien béninois constate qu’il faut « rapidement trouver un interlocuteur majeur pour jouer le rôle de bons offices entre les deux parties. Si tant est qu’une médiation est encore possible, il n’y a pas grand monde qui se bouscule au portillon pour jouer ce rôle ».

    Mais l’Evènement précis a trouvé la perle : Moïse Kerekou. L’ambassadeur du bénin en Turquie « apporte sa contribution à la résolution de la crise », titre le quotidien. Il revient sur la polémique née de l’interdiction du pétrole nigérien. Le journal relaye sa réflexion sur l’origine de l’oléoduc Niger-Bénin et rappelle au passage de Moïse Kerekou est l’un des initiateurs du projet. Mais hormis le récit de la naissance de l’idée d’un oléoduc, pas vraiment de piste pour une sortie de crise entre le Bénin et le Niger. 

    Côté béninois, Banouto observe que le président peut compter sur le soutien de certains de ses députés. En l’occurrence ceux du Bloc républicain. Le groupe parlementaire rappelle que « le Bénin passe pour un bouc émissaire de la situation que traverse le Niger. Aucune menace sécuritaire liée à la présence de troupes étrangères, n'explique l'attitude du Niger ».

    Wed, 15 May 2024
  • 733 - À la Une: montée de tension entre le Niger et le Bénin

    « Tension Bénin-Niger : ces imaginaires bases militaires françaises, titre Banouto. Paranoïa, désinformation, manipulation ou faux-fuyant ? La junte au pourvoir au Niger prétexte d’une fausse présence de bases militaires françaises pour maintenir fermées les frontières avec le Bénin », affirme le site en ligne.

    Au Burkina Faso, Wakatsera se fait l’écho de la réponse du porte-parole du gouvernement béninois au président de la transition nigérienne. Pour Wilfried Léandre Houngbédji :« Le général Tiani n’a qu’à envoyer tout ce qu’il a comme médias indépendants au Niger pour qu’on leur fasse visiter le Bénin, depuis Cotonou jusqu’à Malanville, en passant par tous les coins, les axes frontaliers et ils regarderont s’il y a une base. »

    L’accusation est grave, car comme le rappelle Banouto : « Certaines de ces supposées bases serviraient de terrain d’entrainement de terroristes qui iraient déstabiliser le Niger. » C’est tout du moins ce qu’affirme Niamey, qui conditionne la réouverture de sa frontière avec le Bénin à la fermeture de ces bases.

    « Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin pour la bonne et simple raison que nos anciens amis, que sont les Français, sont revenus sur le territoire béninois après leur départ du Niger »,dit encore Ali Mahamane Zeine.

    Et Banouto relaye les propos du Premier ministre nigérien qui cite « Tourou, Kandi, Porga, Parc W, Madecali » comme des localités abritant ce que le pure player qualifie d’imaginaires bases militaires françaises.

    Mais comme le rappelle le porte-parole du gouvernement béninois, cité par Wakatsera : « Une base militaire, ce n’est pas une aiguille dans une botte de foin quand même. Le Niger peut déployer les moyens satellitaires qu’il veut, avec ses alliés militaires du moment, pour venir voir si on a une base ici. »

    Confusion ?

    « Au vu des localités énumérées par son Premier ministre, la junte nigérienne fait peut-être une confusion avec les bases opérationnelles avancées (Boa) et les postes avancés fortifiés (Paf) dont se dote l’armée béninoise dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme », précise un observateur au site en ligne.

    Et des voix s’élèvent pour une sortie de crise, comme celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères béninois dont l’Evènement Précis relaye la réaction. Pour lui, « le Niger doit coopérer avec son voisin car les autorités béninoises ont déjà montré leur volonté de mettre leur territoire au service du pétrole nigérien ». Nassirou Bako Arifari enfonce le clou : « Il n’y a pas de base militaire française au Bénin. Nous appelons le Niger à coopérer pour une sortie de crise. »

    Et ces accusations ne datent pas d’hier rappelle Banouto. « Les fake news liées à la présence de bases militaires françaises au Bénin n’est pas nouvelle. Apparue depuis que les troupes françaises de la force Barkhane sont devenues indésirables au Sahel, cette infox a pris tellement de l’ampleur qu’elle a été déjà démentie plusieurs fois par les autorités béninoises et même françaises », conclut le média béninois.

    Visite du président rwandais en Afrique de l’Ouest

    « Renforcement de la coopération sud-sud, Paul Kagame montre la voie à suivre », titre Le Pays. Le média burkinabè observe que « le président rwandais semble engagé dans une véritable offensive diplomatique en Afrique » que le média en ligne qualifie même « d’opération de charme. Au Sénégal, il est le tout premier président à avoir rendu visite au nouveau président élu, Bassirou Diomaye Faye. »

    Mais Le Paysnote aussi que « la tournée de l’homme mince de Kigali ne manque pas de susciter des interrogations. Que recherche Paul Kagame à travers ses sorties ? Qu’est-ce qui le fait courir tant ? On le sait, la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo, dans laquelle il est accusé de soutenir les groupes rebelles qui sèment la terreur et la désolation chez son voisin, a contribué à isoler le président rwandais sur la scène internationale. Il est donc possible de penser que Kigali travaille à redorer son blason », conclut Le Pays.

    Tue, 14 May 2024
  • 732 - À la Une: Mahamat Idriss Deby donné vainqueur de l'élection présidentielle au Tchad

    Les résultats officiels et encore provisoires donnent Mahamat Idriss Déby vainqueur avec plus de 61 % des suffrages. Victoire « à laquelle de nombreux analystes politiques s'attendaient », commente Journal du Tchad, qui ne cache pas sa satisfaction, évoquant « une victoire bien méritée au premier tour, sans recourir à un deuxième tour » (...) Et le journal ajoute : « le pays va enfin bénéficier d'une stabilité politique et d'un gouvernement unifié, indépendant dans ses décisions et sa souveraineté, sans avoir besoin de recourir à une autre étape qui pourrait mettre à mal la stabilité du pays et le plonger dans une autre crise de pressions internationales et problèmes internes ».   Le Journal du Tchadqui conclut son analyse tout à la gloire du président Mahamat Idriss Deby par ces mots : « Il convient de noter que le Tchad sera le premier pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel à mettre fin à un régime militaire grâce à des élections transparentes et démocratiques ».

    De son côté, Tchad Infos met à la Une, une photo de Mahamat Idriss Déby serrant la main de Pahimi Padacké Albert, l'ancien premier ministre arrivé 3ᵉ de l'élection, et venu, nous dit-on, « féliciter le vainqueur ». Photo que l'on retrouve également à la Une deTchadVision, qui ajoute : « À la fin d’une cérémonie de réjouissance réunissant ses partisans à N’Djamena, la sécurité a demandé aux uns et aux autres de se disperser ». TchadVision qui cite également les premiers mots du vainqueur :« Au vu de cette large victoire, je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens », a déclaré Mahamat Idriss Déby.

    Les commentaires de la presse burkinabé

    61,03 %, c'est un « coup de massue », estime Wakatsera qui poursuit : « Si ces chiffres sont confirmés par le Conseil constitutionnel, le président de la transition qui se sera fait une virginité par les urnes, rangera juste son treillis dans les placards de l’armée, contre le boubou blanc de président du Tchad, qu’il étrennait depuis un bout de temps, comme s’il connaissait l’avenir ». Wakatseraqui ne manque pas de commenter la défaite du Premier ministre Succès Masra…  « Surprise, Masra auquel le succès a échappé, crie à la confiscation de sa victoire, alors que son prédécesseur à la tête du gouvernement, Pahimi Padacké, celui-là même qui avait prévu« un match amical »entre le président de la transition et son Premier ministre, n’a point attendu le verdict final du Conseil constitutionnel, pour féliciter le vainqueur ».

    Toujours au Burkina, Le Pays annonce la fin d'un « faux suspense », et laisse entendre que le résultat n'est peut-être pas celui que l'on croit. « Annoncés pour le 21 mai prochain, soit deux semaines après le déroulement du scrutin, les résultats de la présidentielle au Tchad ont été rendus publics le 9 mai ». « Pourquoi » se demande le Pays, « pourquoi un tel revirement qui semble en avoir surpris plus d’un ? Même si l’Autorité nationale de gestion des élections n’a pas jugé utile de se justifier, tout porte à croire qu’elle a subi des pressions. Car, depuis la fermeture des bureaux de vote, et alors même que la compilation était en cours, des bruits couraient sur les réseaux sociaux, donnant le Premier ministre Succès Masra vainqueur dès le premier tour », assure Le Pays.

    L'élection au Tchad vue du Sénégal

     Walfnet se fait l'écho des protestations du Premier ministre Succès Masra, crédité d'un peu plus de 18 %, des suffrages et qui « revendique la victoire dès le premier tour, une victoire éclatante et sans tache », dit-il. « Mais, ce n'est pas tout, poursuit Walfnet, Succès Masra avait également affirmé (avant la publication des résultats) que le camp du général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé chef de l’Etat, il y a trois ans par l’armée, allait annoncer que ce dernier avait “remporté” la présidentielle et tenter ainsi de « voler sa victoire au peuple ». « Tchadiens, mobilisez-vous pacifiquement, dans le calme […] pour prouver votre victoire », avait lancé Succès Masra, « avant l’heure de l’annonce officielle des résultats », nous dit Walfnet.

    Fri, 10 May 2024
  • 731 - À la Une: presse et pouvoir en Afrique de l’Ouest…

    Avec cette question posée par Jeune Afrique : « au Sénégal, les médias d’État couperont-ils le cordon avec le pouvoir ? Revendiquant la rupture, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sauront-ils mettre un terme à la tutelle parfois caricaturale du pouvoir politique sur les médias publics ? »

    Il faut dire qu’en la matière, le passif est lourd… Jeune Afrique donne plusieurs exemples, dont ce fameux soir du lundi 25 mars, lendemain de présidentielle. Tout le monde sait, au vu des tendances nationales, que Bassirou Diomaye Faye est largement vainqueur.

    Et pourtant, pointe le site panafricain, au journal télévisé de 20 heures de la RTS, la Radio Télévision sénégalaise, « l’information n’est pas jugée prioritaire. Certes, dès le lancement du JT, qui ne dure que 20 secondes, le présentateur annonce que “le président Macky Sall et Amadou Ba félicitent Bassirou Diomaye Faye“, tout en indiquant qu’un portrait du nouveau président suivra peu après. Mais la RTS choisit de consacrer son sujet d’ouverture à l’agenda du président sortant. (…) Il faudra attendre la treizième minute de ce JT pour découvrir enfin le portrait du cinquième président de la République sénégalaise. »

    Qui plus est,« le vaincu, Amadou Ba, aura droit dans la foulée à un sujet deux fois plus long que son adversaire victorieux (quatre minutes). »

    Commentaire de JA : « digne de l’Union soviétique des années Brejnev, le journal télévisé de la RTS, ce 25 mars 2024, semble comme ressorti de la naphtaline sans avoir évolué d’un iota depuis le règne de Léopold Sédar Senghor, dans un Sénégal où, pourtant, médias privés et sites internet pullulent de longue date. »

    Pape Alé Niang va-t-il changer la donne ?

    « Pour l’heure, les nouvelles autorités n’ont pas encore dévoilé de réformes majeures concernant les médias publics,relève Jeune Afrique. Une nomination symbolique a toutefois marqué les esprits. Le journaliste Pape Alé Niang a en effet été promu directeur général de la RTS. Jusque-là responsable éditorial et principal artisan du site d’information Dakar Matin, ce journaliste engagé, vieux routier de la presse indépendante au Sénégal, s’est distingué au cours des dernières années par ses prises de position critiques à l’égard de la gouvernance de Macky Sall. »

    Alors Pape Alé Niang saura-t-il préserver une certaine liberté de ton ? Saura-t-il se démarquer du pouvoir ? Et de leur côté, les responsables politiques interviendront-ils dans le traitement de l’information ?

    On verra bien… En tout cas, conclut Jeune Afrique, « adeptes de la “rupture“ avec le système qu’ils ont combattu au temps où ils étaient le fer de lance de l’opposition, les “Patriotes“ devront montrer au plus vite qu’ils ne se sont pas contentés de substituer un nouveau carré de laudateurs à un autre au sommet des médias d’État. »

    Sahel : le trou noir informationnel…

    Toujours dans la sous-région, il est devenu difficile, voire impossible, pour les journalistes de travailler normalement dans les pays sahéliens sous la coupe des militaires…

    Début avril, l’association Reporters sans frontières, publiait une enquête édifiante à ce sujet. « 40 pages qui mettent à nu les risques, menaces, intimidations et embastillements, bref, tous les dangers qui sont le lot quotidien des femmes et hommes de médias au Sahel. »

    Commentaire du quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou, alors que la presse burkinabé est concernée, à l’instar de la presse malienne, nigérienne et guinéenne… « La liberté de la presse est devenue chancelante, et hypothèque même l’existence des médias au Sahel. »Avec« des tentatives de caporalisation, de bâillonnement, voire d’extinction de tous les médias qui refusent la pensée unique, ou certains discours lénifiants. »

    Le rôle essentiel d’une presse libre

    Plus récemment, vendredi dernier, on célébrait la trentième Journée mondiale de la liberté de la presse.

    Et voici ce qu’écrivait le quotidien Le Pays, toujours à Ouaga : « sous nos tropiques, (…) la sérénité est loin d’être le credo des hommes de médias qui se veulent pourtant la mauvaise conscience des dirigeants dans un esprit de construction de l’Etat de droit. C’est pourquoi la célébration de cette journée sonne comme un appel aux dirigeants, à respecter et à renforcer leur engagement en faveur de la liberté de la presse. Car, la presse n’est pas l’ennemi des pouvoirs publics. Bien au contraire ! Elle a un rôle essentiel à jouer dans l’édification de la Nation à travers la promotion d’une gouvernance vertueuse. »

    Thu, 09 May 2024
  • 730 - À la Une: Diomaye Faye ou la diplomatie de bon voisinage

    C’est ainsi que Walf Quotidien qualifie la politique étrangère du tout nouveau président sénégalais : « Contrairement à ses prédécesseurs qui étaient plus liés aux puissances étrangères en termes de coopération, le président Diomaye Faye privilégie la diplomatie du bon voisinage », constate donc le quotidien dakarois qui précise : « Depuis sa prise de fonction, ses visites à l’international sont effectuées dans les pays de la sous-région avec un premier séjour dans la République sœur de Mauritanie, suivie de la Gambie avant de s’envoler pour la Guinée-Bissau. Depuis hier [7 mai, NDLR], il est l’hôte du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. »

    Walf Quotidien note d’ailleurs qu’au cours des échanges avec le voisin ivoirien, la question de la sortie du franc CFA n’a pas été abordée. Cela ne semble plus être une priorité pour Diomaye Faye qui en avait fait pourtant l’un de ses grands thèmes de campagne. En tout cas, « Faye et Ouattara en terrain d’entente », titre le quotidien 24 Heures.

    « Dakar et Abidjan sont en phase sur plusieurs sujets, renchérit Dakar MatinPour le président Bassirou Diomaye Faye, la Côte d’Ivoire est un pays qui inspire dans beaucoup de domaines. "Nous pouvons encore faire plus, a-t-il dit, notamment dans les secteurs prioritaires de l’agriculture avec le développement des coopératives en Côte d’Ivoire dont nous voulons largement nous inspirer et dans d’autres domaines comme celui de l’élevage, de la défense, de la sécurité, de l’éducation et de l’énergie même". »

    BDF et ADO : pas grand-chose en commun et pourtant

    Cette convergence entre les deux présidents sénégalais et ivoirien peut surprendre, car à priori, tout les oppose. C’est ce que souligne Le Monde Afrique : « Bassirou Diomaye Faye et Alassane Ouattara n’ont pas grand-chose en commun. Le premier se revendique"panafricaniste de gauche", quand le second est un libéral de droite assumé ; le Sénégalais, 44 ans, entend incarner la rupture, quand le président ivoirien, 82 ans, prône la continuité. Enfin, Bassirou Diomaye Faye vient d’imposer de façon démocratique l’alternance au Sénégal, alors qu’Alassane Ouattara exerce son troisième mandat, et n’a toujours pas dit s’il en briguerait un quatrième en 2025. Deux hommes que peu de choses rapprochent à première vue,donc, pointeLe Monde Afrique, mais à la tête des poids lourds francophones d’Afrique de l’Ouest, deux États historiquement liés et politiquement alignés dans une sous-région en pleine crise depuis la série de coups d’État au Sahel. »

    D’ailleurs, note encore le journal, « alors qu’Alassane Ouattara entretient des relations glaciales avec les régimes militaires sahéliens, c’est bien le Sénégal, rare pays de la région à être en mesure de parler à tous les chefs d’État, qui pourrait être la clé de l’apaisement en Afrique de l’Ouest. Ousmane Sonko, le Premier ministre sénégalais, a annoncé lundi qu’il se rendrait prochainement au Mali, au Burkina Faso et au Niger ».

    Double jeu diplomatique

    Du coup, LeQuotidien à Dakar parle de « double jeu diplomatique » : « Diomaye chez les démocrates et Sonko chez les putschistes. (…)Au pouvoir grâce aux urnes qui ont consacré son poulain, que cherche Sonko au Mali, au Burkina Faso et au Niger ?, s’interroge le journal. Est-ce une refonte de la politique d’exclusion contre ces régimes, prônée par l’ancien Président ? Une refonte voulue par Sonko qui a réussi à provoquer l’alternance du 24 mars dernier. Pour lui, ces visites seraient l’expression assumée des idéaux dits panafricanistes qu’il partage avec les militaires au pouvoir à Bamako, à Niamey, à Ouagadougou et Conakry. Ensemble, ils voudraient montrer qu’ils entretiennent un grand dessein souverainiste pour le continent. »

    D’ailleurs, remarque L’Observateur Paalga au Burkina Faso, les nouvelles autorités sénégalaises « se verraient bien jouer les forces tampons entre l’AES(qui regroupe les États putschistes)et le reste de la Cédéao et, qui sait ?, ramener les frondeurs dans la grande famille de la communauté. De ce point de vue, Alassane Ouattara, que Bamako, Niamey et Ouagadougou ne peuvent pas voir, même en peinture, pourrait sous-traiter cette épineuse question à son jeune homologue, même s’il faudra bien plus qu’un simple voyage présidentiel pour dénouer cette crise au sein de la Cédéao qui s’installe dans la durée ».

    Wed, 08 May 2024
Weitere Folgen anzeigen