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Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent, chaque jour, en deux minutes une photographie sonore d'un évènement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour.
- 1005 - Rwanda: à Kigali, Ojemba connecte des développeurs africains à des entreprises internationales
Au Rwanda, la maison Ojemba a été inaugurée le 10 mai à Kigali. Ojemba, un projet né dans la capitale rwandaise, il y a un an, d’un partenariat entre un studio nigérian et une compagnie d’ingénieurs informatiques allemande. Une collaboration dont l’objectif est de connecter des entreprises européennes avec des développeurs informatiques du continent africain, où le secteur attire de plus en plus la jeunesse.
De notre correspondante à Kigali,
« Ça c’est aussi une des salles, la plupart du temps c’est ShipZero qui travaille dans cette salle, et je suis parmi les gens qui travaillent sur ce projet ». Ibrahim Bagalwa, développeur congolais de 26 ans, fait partie du premier groupe employé dans la maison Ojemba à Kigali. Depuis son ordinateur, le jeune homme travaille sur l’application d’une entreprise basée à plus de 6 000 kilomètres du Rwanda. « ShipZero, c’est un prestataire de services logistiques basé en Allemagne dont l’objectif principal est de réduire l’empreinte carbone, explique Ibrahim. Ça fait quatre mois que je travaille sur ce projet. On est une équipe de trois développeurs Ojemba ».
Les 27 développeurs d’Ojemba sont répartis sur une dizaine de projets pour des entreprises clientes, en majorité européennes. Tableau de bord de l’application sur le haut de l’écran, lignes de codes sur le bas, Ibrahim teste différents programmes. « Cette région ici n’est pas affichée comme il le faudrait. J’essaie un peu d’inspecter et de voir d’où vient ce problème et comment je peux le résoudre. Et c’est ça la bonne chose d’être développeur : quand on a un problème, on est parfois content, parce qu’à la fin de la journée, on a quelque chose qu’on a appris et que l’on a résolu. »
Développeur, un métier attractif
Une carrière qui attire de plus en plus sur le continent. Google estimait dans un rapport à 716 000 le nombre de développeurs en Afrique en 2021. Comme beaucoup, pour Arnold Mudosa, employé d’Ojemba depuis presque un an, les premiers apprentissages de code commencent sans formation : « J’avais un ami qui codait comme ça, et je me suis dit d’accord. J’ai commencé mes recherches pour comprendre comment on crée des applications, comment on crée des sites web. J’ai appris et j’ai kiffé. »
L'objectif d’Ojemba, projet porté par le studio nigérian Maliyo Games et l’entreprise allemande MaibornWolff est d'ouvrir des portes pour de jeunes développeurs sur le continent. Le cofondateur, Hugo Obi : « La population jeune africaine est très importante, alors que l’Europe expérimente un vieillissement de sa population et que la demande de talents développeurs informatiques est plus grande que ce que le marché européen ne peut fournir. Nous avons beaucoup de talents sur notre continent qui cherchent des opportunités, alors nous voyons ce projet comme une collaboration gagnant-gagnant entre l’Afrique et l’Europe. »
Prochaine étape : ouvrir de nouvelles maisons Ojemba dans d’autres pays de la région et étendre les compétences développées à d’autres secteurs, comme l’IA ou la robotique.
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Fri, 17 May 2024 - 1004 - Centrafrique: la suspension du trafic des baleinières bloque l’économie du pays et fait flamber les prix
En Centrafrique, plusieurs centaines de voyageurs sont bloqués dans les différents ports de la capitale depuis deux semaines. Après le naufrage d’une baleinière qui avait causé la mort d'au moins 70 personnes et provoqué la disparition de plusieurs dizaines d'autres le 19 avril dernier. Le gouvernement centrafricain a dû temporairement suspendre les activités des baleinières jusqu'à nouvel ordre. Les conséquences de cette suspension se font déjà sentir. Reportage de Rolf-Steve Domia-leu au port Sao dans le 7ème arrondissement.
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Thu, 16 May 2024 - 1003 - Le Royaume-Uni restitue temporairement au Ghana des trésors royaux volés pendant la colonisation
Des objets sacrés volés, pillés par les colons britanniques, enfin de retour après 150 ans d’attente. C’est ce qui s’est passé ce 1er mai au Ghana, dans la ville de Kumasi. Un moment chargé en émotion, qui a cependant souligné la complexité pour les peuples dépossédés de se réapproprier leurs patrimoines, les objets concernés n’étant pas rendus, mais seulement prêtés par les musées britanniques.
De notre correspondant de retour de Kumasi,
C’est sans mot, sans voix presque, qu’Emmanuel Ainkorose, 24 ans, assiste au retour de son histoire. 32 artefacts du Royaume Ashanti, pillés il y a 150 ans par les colons britanniques, enfin exposés chez lui, à Kumasi. Un témoignage du passé du Ghana, mais aussi de sa propre famille. « Je suis très heureux de voir l’épée du royaume, appelée Mpomponsuo, par laquelle bon nombre de mes ancêtres prêtaient allégeance à sa majesté, enfin de retour. Je crois que, lorsque l’on dépoussièrera l’épée, on pourrait même retrouver de l’ADN de mes ancêtres dessus ! »
Ce sabre, mais aussi des colliers, de nombreux ornements et des insignes en or, utilisés alors pour purifier l'âme du roi. Des artefacts, sacrés pour beaucoup, qui devront néanmoins retourner au Royaume-Uni dans six ans, au plus tard. Ivor Agyemang Duah a été le négociateur du roi Ashanti auprès des musées britanniques. « Il y a deux lois majeures qui empêchent le retour permanent des objets. Cette complexité législative, qui encadre le retour des antiquités, est une source de débats depuis ces cinquante dernières années. »
Une première étape
En cause notamment, le British Museum Act, adopté en 1963. Une loi, qui n’a pas manqué de soulever certaines critiques parmi les Ghanéens, cela n’a pas échappé à l’actuel roi Ashanti, Otumfuo Osei Tutu le second. « Légitimement, certaines personnes se sont demandées,"Ces choses nous appartiennent, alors pourquoi est-ce que l’on nous les prête ?" Mais ce n’est pas la fin, je sais qu’il nous reste tant à faire, cela reste une première étape. Ce que nous avons ici, ces objets qui ont été pillés, volés, en 1874, à la disposition aujourd’hui de notre peuple, comprennent tout de même toujours l’esprit ashanti. »
Si le retour permanent de ces objets depuis le Royaume-Uni n’apparaît pas pour le moment possible, beaucoup d’autres aspects doivent être en attendant améliorés. C’est le message qu’a tenu à adresser lors de la cérémonie d’ouverture l’historien Malcom McLeod, également négociateur auprès des musées britanniques. « La restitution, si elle est traitée seulement comme une fin en soi, sans suite, gâcherait une grande opportunité. Je pense qu’il est temps pour les musées les plus riches de rechercher activement des fonds pour aider spécifiquement les musées à l’étranger. Chaque musée doit traiter l’autre en tant qu’égal, pas en tant que supérieur ou subordonné. »
Le Palais Manshyia a entamé de nouvelles négociations auprès de collection et musées britanniques, mais aussi sud-africains. Les représentants ashantis espèrent, ainsi, le retour d’une centaine d’autres artefacts pillés.
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Wed, 15 May 2024 - 1002 - Côte d'Ivoire: les commerçantes des marchés traditionnels initiées à la vente en ligne
En Côte d’Ivoire, les commerçantes des marchés traditionnels ciblent désormais les réseaux sociaux pour renforcer leur chiffre d’affaires. Au marché d’Anono, situé dans la commune de Cocody, les femmes apprennent de plus en plus à utiliser les médias sociaux tels que Facebook, WhatsApp ou TikTok, afin d’y proposer leurs produits. Les femmes d’un certain âge ne sont pas en marge.
Tue, 14 May 2024 - 1001 - Sénégal: à Dakar, un club de lecture organisé sur des thématiques liées au genre
Les clubs de lecture ont le vent en poupe depuis quelques années. À Dakar, l’initiative féministe et panafricaine Kimpavita, qui a déjà un festival, un podcast, et des projets de recherche, lance le sien autour de thèmes liés au genre. Lors de la dernière rencontre, c’est la dépigmentation de la peau qui a été abordée, avec une discussion autour de l’ouvrage Décolorés en présence de son autrice. Reportage
Mon, 13 May 2024 - 1000 - Au Grand Sud malgache, des cliniques mobiles pour pallier les déserts médicaux
Dans les zones dépourvues de centres de santé, elles sont devenues le salut d’une partie de la population malgache. Les cliniques mobiles sont depuis quelques années déployées sur le territoire malgache. Dans le Grand Sud de l’île, ces gros camions équipés de matériel de santé et de personnel qualifié parcourent des milliers de kilomètres, pour venir à la rencontre d’habitants isolés, dont les moyens ne leur permettent pas de se déplacer vers des structures de santé.
Sun, 12 May 2024 - 999 - Soudan du Sud: au centre de transit de Renk, un espace sécurisé pour les réfugiées soudanaises
Dans son dernier rapport sur la guerre au Soudan, publié fin février, l'ONU dénonce les violences sexuelles perpétrées par les belligérants. Les femmes, les adolescentes et même des enfants en sont victimes. Le commissaire aux droits de l'homme, Volker Türk, considère ces violations comme des « crimes de guerre ». Dans le centre de transit pour les réfugiés de Renk, au Soudan du Sud, l'ONG IRC a mis en place un espace réservé aux femmes. Deux fois par semaine, elles se retrouvent pour échanger sur leurs expériences et tenter de libérer la parole.
Sat, 11 May 2024 - 998 - Cinéma en Centrafrique: le septième art fait sa révolution
En Centrafrique, le cinéma connaît une véritable révolution ces dernières années. Ce déclic est non seulement provoqué par la naissance de nombreuses sociétés de production privées, mais aussi le lancement, en 2020, du projet Ciné-Bangui. Cette initiative tenue par des experts de l'école nationale de cinéma de Lyon en France et l'Alliance française de Bangui, vise à former des talents pour le développement du cinéma centrafricain.
De notre correspondant à Bangui,
Concentrés devant une dizaine d'ordinateurs, les jeunes réalisateurs et cinéastes travaillent sur des projets de film. Ils produisent et réalisent eux-mêmes des courts et longs métrages sur la culture, les coutumes, les richesses ou encore le quotidien des Centrafricains.
«Le cinéma a toujours existé en Centrafrique. C'est vrai qu'il n'est pas beaucoup valorisé, mais il y a des gens qui ont toujours fait des efforts dans ce domaine», explique Daniel, cinéaste et technicien du son. «Le projet Ciné-Bangui a commencé en 2020. C'est un projet financé par l'ambassade de France, destiné à former les jeunes Centrafricains en cinéma. Grâce à cette initiative, beaucoup de personnes commencent à s'intéresser au cinéma centrafricain, avec une nouvelle génération qui est en train de faire en sorte que le cinéma soit consommé sur le plan national et international.»
Un cinéma respecté et représenté à l'échelle internationale
La Centrafrique possède aujourd'hui une centaine de cinéastes. Ils réalisent des films et participent à plusieurs festivals en Afrique et dans le monde, dont certains sont primés. Orphée Zaza est l'un d'eux.
« Depuis cinq, six ans, la cinématographie centrafricaine est respectée et représentée à l'échelle internationale », souligne Orphée Zaza. « Nous avons par exemple le filmMakongoqui a rencontré un grand succès au niveau international avec plusieurs prix. Nous avons aussi le film du cinéaste Rafiki Fariala. Nous, étudiants !, qui a gagné une centaine de prix et plus de 200 sélections à l'international. En tant que réalisateur, j'ai fait deux court métrages qui m'ont permis d'être visible en 2021 au Burkina Faso, au Fespaco. »
À écouter aussiRafiki Fariala, réalisateur de cinéma centrafricain
Pour un financement centrafricain de son cinéma
En 2022, le film La sexualité pas avant le mariage de la jeune cinéaste Emmanuella Lalanga a été primé au festival « Bangui fait son cinéma » et projeté dans plusieurs salles en Europe. Malgré ces avancées, elle note des défis à relever.
« En Centrafrique, il n'existe pas de commission pour financer les films. Tout le temps, on se tourne vers les commissions internationales pour chercher des financements», relate Emmanuella Lalanga. «Le film, c'est de l'argent. La cinématographie, c'est toute une chaîne avec différents corps de métier. Si on n'a pas de moyens, on ne peut pas faire de films», martèle-t-elle.
Et pour rêver grand, Orphée Zaza propose une solution : « Il faut maintenant une implication politique, c'est-à-dire la création d'un fonds de production et de développement, pour permettre aux cinéastes de réaliser des films. Ce fond leur permettra aussi de faire des avances en vue de chercher des coproductions à l'international », plaide Orphée Zaza.
Cependant, le tissu professionnel reste fragile. Les cinéastes n'ont pas toujours un accès facile aux acquisitions télé pour promouvoir leur film sur le territoire centrafricain et à l'échelle mondiale.
Fri, 10 May 2024 - 997 - Gabon: le PDG, ancien parti au pouvoir, se cherche un avenir
Suite au coup d’État d’août dernier au Gabon, un grand dialogue national s’est achevé il y a dix jours. Mille recommandations ont été proposées, notamment suspendre l’ancien parti au pouvoir PDG (le Parti démocratique gabonais), rendre inéligibles ses responsables, lancer des enquêtes contre des cadres ou encore leur faire demander pardon à la nation. Un PDG aujourd’hui à la croisée des chemins, lui qui a perdu le pouvoir et risque de lourdes conséquences si les conclusions du dialogue sont appliquées.
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Thu, 09 May 2024 - 996 - Cameroun: le musée des rois Bamoun «pour conserver notre histoire» [3/3]
Au Cameroun, le musée des rois Bamoun à Foumban dans l'ouest du pays retrace l'histoire d'un des plus anciens royaumes d'Afrique subsaharienne fondé en 1384. 600 ans d'histoire retracés grâce à des milliers d'objets exposés. L'occasion pour le peuple Bamoun de découvrir davantage son histoire. Ce musée des rois Bamoun est un cadre propice pour accueillir les objets d'arts Bamoun illicitement exposés dans des musées étrangers.
Derrière la barrière du musée des rois Bamoun, Dave Kwende et ses camarades de 2de mixte au lycée classique de Foumban sont en admiration devant l’architecture atypique de ce musée.
« Ça vous présente vraiment la valeur des Bamoun ici à Fouban, dont nous sommes vraiment très fiers de ces personnes qui ont eu cette idée vraiment magnifique de consulter ce musée par ici pour d’autres personnes qui vont aussi venir visiter et vont connaître quela culture des Bamoun. »
Le bâtiment est construit sous la forme d’un serpent à deux têtes, surmonté par une mygale avec une cloche à l’entrée. À l’intérieur, vous êtes embarqué dans 600 ans d’histoire d’un des plus anciens royaumes d’Afrique subsaharienne. Aziz Mbohou chargé de la communication du royaume. « Chaque roi, lorsqu’il accède au trône, consigne tous les objets de son prédécesseur. Et évidemment, Laurent Joya est l’une des figures de proue du royaume Bamoun. En termes d’inventivité, vous voyez son mollet, le moulin, à modo le maïs, les premiers manuscrits de l’écriture qu’il a inventée. Vous voyez ses ouvrages. »
« L’émotion, c’est quand vous vivez votre passé »
Dans la première pièce, la tunique du roi Mbombo, un colosse de 2 mètres a qui l’on doit le symbole du serpent à deux têtes est exposé, tout comme des armes, ustensiles et autres tenues centenaires, on y retrouve également une salle de projection. C’est une autre pièce qui a marqué José Yaneya animateur radio locale.
« L’émotion, c’est quand vous vivez votre passé. Je vous prenais un exemple. J’ai vu le téléphone du roiBombo entre ses mains. Maintenant, je vois ce téléphone déposé au musée. Ça me fait renaître quelque chose et vraiment c’est. C’est là où vous voyez un peu le rôle du musée. Ce musée, c’est pour conserver notre histoire. »
À Foumban, depuis l’inauguration du musée, on espère le retour du trône des rois Bamoun illicitement exporté et exposé au musée de Berlin. Le sultan Nabil Mforifom Njoya actuel roi des Bamoun ambitionne de le rajouter à la collection des 12 500 objets et artefacts exposés dans le musée reflétant la richesse, la variété et le savoir-faire des artisans Bamoun.
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Wed, 08 May 2024 - 995 - Cameroun: les forgerons du royaume Bamoun, une notoriété qui traverse les frontières du pays [2/3]
Dans le paysage culturel du royaume Bamoun, impossible de passer à côté des forgerons du bronze. À son âge d’or, leur art a attiré de nombreux touristes. Aujourd’hui, il y en a moins, tout comme le nombre de forgerons Bamoun qui a diminué, ces dernières années. Mais leur réputation ne faiblit pas au Cameroun. Et les œuvres majestueuses de ces sculpteurs du bronze illuminent toujours le centre d'artisanats de Foumban.
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Tue, 07 May 2024 - 994 - Cameroun: le métier de tisserand traditionnel bamoun est menacé [1/3]
À Foumban, capitale du royaume bamoun, dans l'ouest du pays, les tisserands traditionnels sont de moins en moins sollicités, concurrencés par les tissus industriels qui affluent en masse sur le marché. Mais des passionnés travaillent à la pérennisation d'un art ancestral qui se transmet depuis 600 ans, en famille, chez les Bamoun.
Mon, 06 May 2024 - 993 - Soudan du Sud: l'agriculture, refuge pour les malades du syndrome du hochement de tête [3/3]
Au Soudan du Sud, c’est une maladie mystérieuse et dévastatrice qui touche les enfants à partir de trois ans. Le syndrome du hochement de tête est une maladie neurologique qui évolue au fil des années vers une forme d’épilepsie, parfois mortelle. Les organisations qui se sont réunies au sein de la Nodding Syndrome Alliance, un consortium d’ONG et d’universités formé en 2019, ont mis en place une réponse pour aider les familles, dans trois localités de l’Équatoria-Occidentale, à l’ouest du pays.
De notre envoyée spéciale à Mundri,
En cette fin d’après-midi, les cultivateurs font des allers-retours vers la rivière pour remplir leur arrosoir et irriguer leur potager. Ce groupe d’agriculteurs est un peu spécial : tous souffrent du syndrome du hochement de tête et d’épilepsie. Le groupe est soutenu par la Sudan Evangelical Mission, une ONG membre de la Nodding Syndrome Alliance. Des cliniques spécialisées fournissent des traitements antiépileptiques et des travailleurs sociaux accompagnent les malades et leurs familles. Des semences, des outils et des formations leur ont été fournis.
Wilson Banyiri, la quarantaine, est épileptique depuis 20 ans. Le père de quatre enfants a toujours son tube de cachets blancs dans la poche : « Maintenant, je vais bien, en prenant ce traitement. J’en prends deux le matin et deux le soir. Je n’ai pas eu de convulsions depuis trois mois. »
Ce potager, c’est tout ce qu’il a pour subvenir aux besoins de sa famille : « Ce qui me motive à venir travailler dur ici, c’est que je veux pouvoir financer l’éducation de mes enfants. C’est ma priorité.»
Ailleurs à Mundri, Suzan Surah Dobili s’occupe seule de ses enfants. Son fils, Emmanuel Mande, a bien failli arrêter l’école, quand le syndrome du hochement a commencé. Il avait 12 ans, c’était en 2017 : « Avant que nous ayons accès aux médicaments, l’état de mon fils était très préoccupant. Il ne pouvait rien faire, ni travailler ni laver ses vêtements. Il restait à l’intérieur de la maison, très affaibli. Mais maintenant qu’il a ce traitement, il peut cultiver dans notre ferme familiale, il coupe de l’herbe pour refaire notre toit, il plante du manioc, il fait sa lessive tout seul. »
« Les parents se demandent quoi faire »
C’est grâce à Jacob Danger Brown, travailleur social, lui-même handicapé par la tuberculose dans son enfance, qu’Emmanuel Mande a pu bénéficier du soutien de la Nodding Syndrome Alliancedepuis 2020. Le travailleur social parcourt les villages reculés afin d’identifier des cas et conseiller les familles. « Il y a beaucoup de cas de syndrome du hochement de tête en dehors de la ville. Les gens souffrent. Les parents se demandent quoi faire. Et ils échouent à aider leurs enfants. Parfois, dans un foyer, vous trouvez deux ou trois enfants qui ont la maladie… Ces gens n’ont pas l’argent nécessaire pour acheter des médicaments antiépileptiques, et même pour venir jusqu’à Mundri de leur village reculé, c’est très difficile. La situation de tous ces enfants est terrible. »
Jacob Danger Brown en appelle aux donateurs, et au gouvernement, pour que des actions de plus grande ampleur soient menées, afin que les traitements soient disponibles dans les villages reculés.
À écouter aussiSoudan du Sud: les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête
Sun, 05 May 2024 - 992 - Soudan du Sud: la médecine traditionnelle comme alternative contre le syndrome du hochement de tête [2/3]
Quelque 6 000 cas de syndrome du hochement de tête ont été estimés dans la région de l'Équatoria-Occidentale, au Soudan du Sud. Mais l’étendue de l’épidémie est mal connue, notamment du fait du manque d’infrastructures médicales. Le manque d’accès aux soins, et notamment aux médicaments antiépileptiques qui permettent de contrôler les symptômes de la maladie, pousse certains parents d’enfants malades à se tourner vers des herboristes, des médecins traditionnels.
De notre envoyée spéciale à Mvolo,
Tailleur de profession, Barnaba Makoy a appris à utiliser les herbes médicinales dans sa région natale de Wulu, dans le centre du pays. Suite à des conflits communautaires, en 2006, il est parti se réfugier à Mvolo. « La maladie est présente dans mon village d’origine, mais pas autant qu’ici. Nous utilisons des herbes pour la traiter. Quand mon fils a eu la maladie, je suis allé creuser pour déterrer certaines racines, et je les ai fait bouillir. Mon fils a bu cette infusion et a guéri. Il va bien et est aujourd’hui à l’école. »
Barnaba Makoy montre l’arbre dont les racines sont pour lui un remède contre cette maladie du hochement de tête, que la science ne sait pas encore guérir. Il affirme même avoir guéri huit enfants.
Reportage AfriqueSoudan du Sud: des familles lourdement affectées par le syndrome du hochement de tête
« Je n'avais pas d'autre alternative »
Martha Agum, la cinquantaine, a quant à elle utilisé une autre technique, dans le passé, pour soigner son propre enfant : « Vous faites bouillir les herbes, et plongez de longues feuilles dans cette décoction, que vous appliquez bien chaudes sur la tête du malade. La maladie est alors expulsée sous forme de transpiration. »
Convaincue d’avoir ainsi guéri son fils, il y a quinze ans, pendant la guerre, elle conseille pourtant aujourd’hui aux parents d’aller à l’hôpital, pour bénéficier du traitement contre l’épilepsie qui atténue les symptômes. « Ce traitement qu’ils donnent à la clinique est le meilleur. Dans mon cas, je n’avais pas d’autre alternative. De nos jours, les gens ne croient plus trop dans les herbes. Il faudrait que les traitements modernes soient amenés au plus près des gens, dans les villages reculés. »
Grand ReportageSoudan du Sud: les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête
Mise en garde contre le recours à la médecine traditionnelle
Direction Mundri, autre ville touchée par le syndrome du hochement de tête, à 100 km au sud de Mvolo. Là-bas, une clinique spécialisée existe. Et la directrice de la santé du comté, Victoria Alawia Alberto, met en garde contre le recours à la médecine traditionnelle.
« Nous ne savons pas comment ces herboristes dosent leurs prescriptions ni quels types d’herbes, ils utilisent,fait-elle valoir.En matière de santé, le dosage des médicaments est très important. Mais dans le cas de ces traitements par les herbes, il y a un risque que des malades y aient recours et meurent. C’est ce qui nous inquiète. C’est pourquoi nous souhaitons en savoir plus sur la pratique de ces médecins traditionnels. Pour que cela ne nuise pas à nos patients ni à notre communauté. »
Victoria Alawia Alberto espère que la recherche scientifique avancera et qu’un traitement médical curatif sera un jour disponible contre le syndrome du hochement de tête.
Fri, 03 May 2024 - 991 - Soudan du Sud: des familles lourdement affectées par le syndrome du hochement de tête [1/3]
Au Soudan du Sud, dans la région d’Équatoria-Occidentale, une maladie à l’origine inconnue s’attaque aux enfants : le syndrome du hochement de tête. C’est un trouble neurologique qui démarre dès l’âge de 3 ans. Les enfants touchés se mettent à hocher de la tête au moment de manger, et perdent connaissance. La maladie s’aggrave dans les mois qui suivent, avec des crises d’épilepsie, des retards de croissance importants, qui laissent souvent les enfants et adolescents touchés handicapés. Reportage auprès de mères et de filles lourdement affectées, dans la petite ville de Mvolo.
De notre envoyée spéciale à Mvolo,
Sa récolte détruite par des vaches, Penina Monyo Gulu Biro n’a d’autre choix que de ramasser du bois pour le revendre et pouvoir acheter de quoi nourrir ses trois enfants. Délaissée par son mari, elle assume seule cette responsabilité. Mais elle est épuisée. Car deux de ses enfants souffrent du syndrome du hochement de tête, une maladie qui a déjà traumatisé cette famille. « Une de mes filles est morte de cette maladie il y a des années. Ça a démarré par le hochement de tête, et puis ça a empiré, les crises d’épilepsie ont commencé et elle en est morte », explique-t-elle.
Son autre fille, Tabo, 17 ans aujourd’hui, a développé la maladie à son tour en 2016. Elle a survécu, mais les crises sont fréquentes et elle n’a pas de traitement efficace : « Je ne l’autorise pas à aller à la rivière toute seule, ou à rester près du feu sans surveillance. À l’intérieur de notre tukul [une hutte, NDLR],elle a son lit par terre, et moi, je dors sur un vrai lit, parce que si elle dort sur un lit, elle va tomber lors de ses crises nocturnes, je reste avec elle pendant la nuit au cas où », confie Penina Monyo Gulu Biro.
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Un fardeau pour les mères
Si toute la communauté souffre de ce mal mystérieux, ici à Mvolo, ce sont souvent les mères qui portent seules ce fardeau. C’est ce dont témoigne cette femme que nous appellerons Mary pour protéger son identité. Elle confie que son mari boit et ne travaille pas. Elle aussi, elle a perdu une fille à cause de cette maladie, en 2022. La petite avait 12 ans quand elle est morte, et était enceinte de deux mois. Un choc pour la famille.
« Quand nous, les membres de la famille, avons découvert qu'elle était enceinte, nous lui avons demandé : mais qui est-ce qui t’a fait ça ? Elle a dit qu'elle ne pouvait pas vraiment dire qui était cet homme, qu’il avait "des vêtements colorés" et qu’il "venait généralement de cette direction". C'est le jour même où nous avons commencé à lui poser toutes ces questions que la maladie a commencé à s'aggraver. Les convulsions sont devenues violentes et ont continué, jusqu'à ce qu’elle meure. »
Des malades victimes d'abus sexuels
La mère de famille est en colère et n’hésite pas à dénoncer les abus sexuels sur les filles malades du hochement de tête à Mvolo : « Bien sûr, je peux conclure que c’est quelqu’un qui a commis un viol. Parce que cette personne n’est pas venue ouvertement se montrer. Le même cas s'est produit avec la fille de ma belle-sœur. Elle est tombée enceinte d'un inconnu et elle était très jeune aussi. Mais elle a pu aller au terme de sa grossesse. Elle a été emmenée à l’hôpital pour accoucher. Nous avons l'enfant ici avec nous, mais la fille de ma belle-sœur, elle, est morte lors d’une crise d’épilepsie. Elle est tombée dans l'eau et s’est noyée. »
Son fils de 20 ans souffre aussi de la maladie. Il se tient à l’écart, l’air triste. Ce que Mary demande, c’est l’aide du gouvernement et des ONG, pour que des traitements efficaces soient disponibles pour aider les enfants malades à Mvolo.
Fri, 03 May 2024 - 990 - La prévention des AVC au Sénégal
Au Sénégal, une association de soutien aux patients et aux familles de victimes d’AVC vient de terminer une campagne d’un mois de sensibilisation et de prévention contre les accidents vasculaires cérébraux, première cause des décès du service neurologique de l’hôpital Fann de Dakar. Reportage
Sous deux tentes à l’entrée de l’hôpital Fann, des patients attendent leur tour pour être examinés par des infirmiers… Adama Cissé, habillée d’une blouse blanche, est en train de passer un tensiomètre autour du bras d’une femme âgée.
L’hypertension et le diabète sont deux des principaux facteurs de risque d’un AVC – accident vasculaire cérébral — très courant au Sénégal.
Amadou Diallo, ouvrier de 63 ans, a préféré se faire dépister pour pouvoir agir en cas de mauvais résultat : « La glycémie, c'est pas mal, ce n'est pas élevé».
L’association de soutien aux patients et familles de victimes d’AVC organise ces dépistages pour expliquer les démarches afin d’être pris en charge rapidement dès les premiers signes d’AVC. Car les produits ou le matériel pour prendre en charge les patients qui arrivent dans un état critique sont souvent indisponibles ou trop chers, regrette le neurologue Mbagnick Bakhoum.
L’association organise des activités pour sensibiliser au sujet des facteurs de risque… comme la nourriture, explique Bamba Cissé, le secrétaire général de l'association. Celle-ci montre aussi aux familles comment prendre en charge une victime d’AVC qui revient à la maison avec des séquelles.
Thu, 02 May 2024 - 989 - Madagascar: lutter contre la transmission des stéréotypes de genre dans les métiers
Déconstruire les stéréotypes de genre rattachés aux métiers, c’est l’un des défis que s’est lancée une association malgache animée par des étudiants et de jeunes professionnels. La dizaine de jeunes intervient dans des écoles primaires, essentiellement en milieu rural, pour proposer une autre vision du monde du travail et de nouveaux horizons.
Wed, 01 May 2024 - 988 - Kawaï Nanami, la tiktokeuse qui veut réconcilier les jeunes Ivoiriens avec leur culture ancestrale
Une jeunesse déracinée, qui ne connait ni son histoire ni sa culture d’origine ? À travers ses vidéos sur Tik-Tok et Instagram, Ruth-Esther Yapobi dite « Kawaï » tente de réconcilier les jeunes avec la culture ancestrale des 69 ethnies du pays.
De notre correspondant à Abidjan
Ruth-Esther Yapobi porte une robe en pagne tissée et des parures de cauris. « J’ai 20 ans et je me suis lancée dans la création de contenus en août 2023, et en mars 2024, j’ai commencé la série “Échos d’Ivoire” sur Tik-Tok et Instagram », explique-t-elle.
Échos d’Ivoire évoque tout à la fois les rites et coutumes des ethnies ou encore les contes et légendes du pays. « On nous a racontés Cendrillon, La Belle et la Bête ou encore Mowgli, mais personne n’a parlé de Kouakou Ananse et pleins d’autres divinités que moi-même je ne connais pas. Et au fur et à mesure de mes recherches, je me dis : “Ah c’est une histoire captivante à raconter à mes petits frères, à mes amis”. »
Ses vidéos sont portées par des montages dynamiques enrichis par des cartes, des photographies. Diplômée d’un BTS en logistique, Kawaï a récemment ressenti le besoin de se plonger dans la culture de la Côte d’Ivoire et d’en faire profiter ses abonnés. « Ça n’a pas été fait à l’école et si ça n’a pas été fait à l’école, par qui ça va être fait ? Par nous ! Parce que nous sommes cette génération qui a soif d’apprendre, cette génération qui a envie de se découvrir, là maintenant, c’est le moment avec les médias sociaux, de montrer aux jeunes leurs vraies valeurs, africaines. »
Se sentir ivoirien
Pour cela, elle se rend régulièrement à la bibliothèque nationale et compile dans ses posts ce qu’elle a appris dans les livres. Kawaï se déplace aussi dans les grands événements culturels. Un micro à la main, la créatrice de contenus se balade dans les allées du MASA, le Marché des arts du spectacle, et enchaîne les interviews avec les artistes ou les micros-trottoirs.
Elle arrête les jeunes festivaliers pour leur demander un mot dans leur langue d’origine. Bien souvent, elle reçoit en guise de réponse un sourire gêné et un grand silence. Une façon de faire vivre le débat sur le lent effritement des spécificités culturelles du pays. Étudiante, Miriam Samasi salue la démarche. « C’est quelque chose que je me reproche, le fait d’être assez éloignée de ma culture, je n’arrive pas à parler les langues de mes trois ethnies (malinké, agni, bété). Toute ma vie, j'ai parlé le français. Je parle plusieurs langues comme le japonais, le coréen ou bien l’anglais, mais je ne connais pas ma langue maternelle, explique la jeune femme. Actuellement, je travaille sur moi-même pour me rapprocher de ma culture et me sentir ivoirienne. »
À ce jour, Kawaï finance son travail elle-même, à terme elle souhaiterait vivre de cette activité et faire d’Échos d’Ivoireune référence en matière de plateforme éducative sur la culture ivoirienne.
Tue, 30 Apr 2024 - 987 - RDC: une exposition qui interroge sur les conditions d’exploitation des minerais
En République démocratique du Congo, le musée de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa accueille depuis le 18 avril une exposition collective de trois artistes : Kolwezi, un jour un rêve. Une plongée dans la riche ville minière de la province du Lualaba où les artistes questionnent et veulent interpeller sur l’exploitation artisanale des mines dans le pays.
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Mon, 29 Apr 2024 - 986 - Sénégal: la restauration des actualités sénégalaises, «l’archéologie audiovisuelle de l’Afrique indépendante»
Alors que sur le continent africain, les archives audiovisuelles des années 1960 sont rares, au Sénégal, depuis quelques mois, quatre films qui datent de 1966 sont de nouveau disponibles pour le public sénégalais. Après un travail de restauration de plus de deux ans, ces quatre films ont été projetés dans un cinéma de Dakar.
De notre correspondante à Dakar,
À l’écran défilent en noir et blanc des immeubles flambants neufs, une cathédrale fraîchement restaurée, le port, quelques passants, une ville belle et moderne. C’est Dakar en 1966, la capitale ne compte alors que 100 000 habitants et est sur le point d’accueillir le premier festival mondial des arts nègres, organisés par Léopold Sedar Senghor. Pour Moustapha Samb, directeur d’exploitation du Pathé, c’est un retour en enfance : « En tant que Sénégalais, j’étais très fier de revoir Dakar à, de ressentir toute l’énergie de la créative à l’époque. Pour moi, c'est le commencement et comme on dit en wolof pour aller de l’avant, il faut savoir d’où l’on vient. »
Car les images qui sont projetées ce jour-là sont celles des actualités sénégalaises. Petits films de 8 à 20 minutes qui, dans les années 1960, étaient diffusés dans les cinémas de Dakar, avant le film. Sorte de tour d’actualité nationale et mondiale, à une époque où la télévision est quasi inexistante. Réalisé par de jeunes cinéastes africains comme Ababacar Samb, Momar Thiam ou Paulin Soumanou Vieyra, entre autres. Pour Marco Lena, historien et co-initiateur de ce projet de restauration, ces images ont donc valeur de patrimoine : « Parce qu’en fait, on se rend compte que ça marque les images sur l’Afrique, tournées par les Africains pour les Africains, il y a toujours un point de vue externe. Ces images représentent l’archéologie audiovisuelle de l’Afrique indépendante. »
Des milliers d'heures de travail
Archéologie, car ces images, il a fallu les faire renaître. Découvertes en 2019, abandonnées dans une pièce du ministère de la Culture à Dakar, Cecilia Cincerelli, de la cinémathèque de Bologne a passé de long mois à restaurer ces films. « Cela représente des milliers d’heures de travail. Si on le fait manuellement, vous devez imaginer que pour chaque image vous pouvez rester une journée. Alors, imaginez sur un film. »
Le résultat est époustouflant, à part quelques taches blanches tout y est et ne demande plus qu’à être vu par le plus grand nombre. Pour Moustapha Samb, président de l’association culturelle Mamiwata : « Pour ces jeunes aujourd’hui, on voit que l’audiovisuel, version numérique est en plein essor, mais je pense que ces jeunes ont besoin de voir ce qui se faisait avant pour aller de l’avant. »
Les quatre films de 1966 : - Le Sénégal et le Festival mondial des arts nègres, Le 3e Festival des arts, Sénégal an XVI et Voyage aux Antilles du Président Senghor -doivent être programmés dans différents festivals et les cinémas du Sénégal, avant que d’autres de ces films qui vont jusqu’à 1980 puissent être restaurés.
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Sun, 28 Apr 2024 - 985 - Centrafrique: Idylle Mamba célèbre 20 ans de carrière par un «retour aux sources» à Bangui
En Centrafrique, la chanteuse Ydille Mamba a bouclé vendredi 26 avril une série de deux concerts inédits à Bangui. Ces deux concerts organisés à l'Alliance française visent non seulement à couronner ses 20 ans de carrière, mais aussi à valoriser les anciennes chansons et les styles de musiques centrafricains encore méconnus à l'échelle mondiale.
Devant le podium éclairé par des jeux de lumière dignes des grands soirs, les fans agitent les mains, leurs téléphones allumés et des mouchoirs. La salle de l'Alliance française de Bangui, en République centrafricaine, est remplie de mélomanes venus savourer cet instant historique. Vêtue d’une robe rouge, celle qui se fait appeler « guerrière rouge » estime qu’il est important de « revenir aux sources, revenir au pays, revenir voir la famille. Ça fait déjà 20 ans que je suis dans ce métier de chanteuse, mais c'est la première fois d'être chez moi, faire un concert inédit comme j'ai toujours rêvé de le faire. C'est un grand plaisir pour moi. »
Révélée en 2004 comme lauréate de la chanson francophone organisée en Centrafrique, Ydille Mamba a été finaliste du prix Découvertes RFI en 2014. En 20 ans de carrière, elle a côtoyé les plus grands artistes mondiaux. Mais selon Alex Ballu, promoteur musical à Bangui, il était temps qu’elle revienne à la source. «C'est une artiste qui fait beaucoup d'efforts pour la culture centrafricaine en général et la musique en particulier. Après avoir rencontré des artistes de renoms comme Youssou N'Dour, Yelema, Lokua Kanza et sa participation aux différents festivals en Europe et en Afrique, c'est important pour elle d'organiser ce concert dans son pays », estime-t-il.
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« Je suis content d'être là pour soutenir mon artiste. C'est une initiative très encourageante de la part de cet artiste parce qu'elle vit en Europe. Elle a décidé de revenir nous offrir ce beau spectacle et je suis très content », raconte avec excitation Rostand, l'un de ses nombreux fans.
Autre particularité de son spectacle, Ydille Mamba a invité sur scène les musiciens centrafricains qui ont marqué les années 70, 80 et 90. Pour la chanteuse, il s'agissait de rendre hommage à « des anciennes gloires, ceux qui ont marqué la musique centrafricaine, ceux qui ont marqué mon enfance. J'ai voulu rendre hommage à ces icônes de la musique centrafricaine. Partagée cette scène avec eux, c'est juste magnifique. J'ai encore cette chance d'avoir quelques-uns vivants, donc il faut en profiter. Il faut qu'on les honore. À travers ces séries de concerts, j'ai voulu leur rendre hommage. »
Une soirée riche en couleurs. Le public est reparti satisfait, heureux d’avoir pu oublier, le temps d’un concert, les crises qui ont secoué le pays ces vingt dernières années.
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Sat, 27 Apr 2024 - 984 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: l’État de droit et la Constitution, fiertés du pays [3/3]
Le 27 avril 1994, tous les Sud-Africains étaient appelés à participer aux premières élections libres. Nelson Mandela allait être élu, mettant fin au régime d’apartheid. Une nouvelle Constitution serait ensuite écrite, protectrice de tous les Sud-Africains et présentée comme la plus progressiste du continent africain. La loi fondamentale est protégée par la Cour constitutionnelle, un monument important au centre de Johannesburg et dans le cœur de ses habitants.
De notre correspondant à Johannesburg,
C’est journée porte ouverte à la Cour constitutionnelle. Un groupe scolaire venu de Soweto, encadré par le Bukho Bami Youth Centre, prend place sur les bancs de la Cour. Les adolescents s’amusent à imiter les juges. Leur professeur appelle au calme et interroge ses élèves. L’un d’eux, Kamogelo Selemela, connaît très bien le rôle de la Cour constitutionnelle, même le nom de son président. « Si le gouvernement veut ajouter une loi à notre Constitution, il doit passer par les juges, comme Raymond Zondo. Et ils ne doivent pas seulement écouter le gouvernement, mais ils doivent aussi regarder les intérêts des citoyens Sud-Africains. »
Ses camarades l’applaudissent en claquant des doigts. Son professeur, Daluxolo Magamdela, y voit un rapport particulier des Sud-Africains avec la politique. « Pour eux comme pour les Sud-Africains, la politique joue un rôle très important dans leur vie, donc même de manière inconsciente, ils savent qui dit ça et qui fait quoi. »
Un lieu symbolique
La Cour constitutionnelle a été construite sur le site d’une ancienne prison où ont été brièvement incarcérés Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. « Du pire peut naître le meilleur », souligne Lorraine Mhlari, guide touristique. « La Cour a été construite ici pour la rendre accessible et ouverte à tous. C’est un lieu de transparence pour montrer qu’il n’y a rien à cacher dans notre Constitution. »
La Cour constitutionnelle a beaucoup fait parler d’elle quand elle a condamné l’ancien président Jacob Zuma à 15 mois de prison pour outrage à la justice en juin 2021. Ce jugement était un signe d’indépendance, rappelle Lesego More, de la fondation Democracy Works. « Notre Cour constitutionnelle peut être saisie pour des affaires qui contestent les décisions de l’exécutif, du président et de son gouvernement. Et elle peut juger en défaveur du président. C’est la preuve d’une Constitution qui promeut l’État de droit, les droits de l’homme, qui tient les gens responsables de leurs actions. Et qui nous garantit des élections crédibles, c’est très important, donc c’est un document dont on est très fiers. »
Les prochaines élections auront lieu le 29 mai et la Cour constitutionnelle a déjà été saisie pour statuer sur la validité de la candidature de Jacob Zuma.
À écouter aussiTrente ans de démocratie en Afrique du Sud: quels résultats pour la politique de logements sociaux? [2/3]
Fri, 26 Apr 2024 - 983 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: quels résultats pour la politique de logements sociaux? [2/3]
Elles sont surnommées les « maisons RDP », du nom du programme phare de l’ANC lors des élections de 1994, le « Programme de reconstruction et de développement » : un plan visant à offrir des logements salubres aux populations maintenues dans la pauvreté sous l’apartheid, et à favoriser l’accès à la propriété. Il s’agit d’un des programmes de l’ANC les plus visibles, avec ces maisons bien reconnaissables, qui ont bourgeonné à l’extérieur des villes. Trente ans plus tard, cette politique de logement social quasi unique au monde a permis d’offrir un toit à des millions de Sud-Africains, mais elle a aussi connu des obstacles.
De notre correspondante à Johannesburg,
Selon les chiffres officiels, il existe désormais près de 3 millions de ces maisons RDP. Mais leur qualité ou leur taille ont pu décevoir alors que le gouvernement s’est vite fait dépasser par la demande. Sello, au chômage, a hérité du vieux logement social de sa mère décédée, une habitation qui n’a jamais été terminée.
Vous voyez, c'est à moitié fini, avec la chambre. Les briques s’arrêtent là, ils ont juste construit une chambre et des toilettes. Si on a l’argent, on peut finir, mais à l’époque ma mère n’avait pas de travail. Donc, on a complété avec de la tôle et du carton ici, pour protéger de la pluie et du vent. Quand il pleut, l’eau rentre quand même, c’est tout mouillé par là.
Une liste d'attente de plus d'un million de personnes
Si un foyer gagne moins de 170 euros par mois, il peut, en théorie, devenir propriétaire d’une de ces maisons RDP, de façon gratuite, et aura le droit de la revendre au bout de huit ans. Mais par exemple, dans la région autour de Johannesburg, il existe selon les autorités une liste d’attente de plus d’un million de personnes.
Lassé de patienter, Morgan, la cinquantaine, a fini par construire illégalement une maison en tôle sur un terrain vide.
J’avais bien déposé un dossier, il y a au moins 15 ans, et j’attends toujours, je ne sais pas ce qui se passe. Alors, je me suis construit cet abri, donc ça va. Mais je ne comprends pas pourquoi ils ne respectent pas leurs promesses. Il vaut mieux ne rien promettre du tout, plutôt que de faire des promesses en l’air. Maintenant, on demande des terres, et on construira nos propres logements, je pense que ce sera mieux.
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Une politique ambitieuse malgré les couacs
À d’autres endroits, ce sont des projets de maisons RDP en cours de construction qui ont été occupés de force. Le programme a donc connu des ratés, mais cela reste une politique généreuse et ambitieuse pour Johan Fourie, professeur d’économie à l’université de Stellenbosch.
On peut saluer le gouvernement pour avoir voulu aider le plus de gens possible, avec des contraintes budgétaires et des limites aux capacités à construire rapidement. Il y a, certes, des critiques autour de la façon dont cela a été fait : souvent, ces maisons RDP sont en périphérie des villes, et les gens doivent ensuite dépenser beaucoup en transports, pour aller travailler ou faire les courses. Ça les a placés dans une sorte de piège spatial. Aujourd’hui, on peut se dire que le gouvernement aurait dû faire ceci ou cela, mais je ne suis pas sûr qu’à l’époque, cela aurait été possible ou envisageable.
Des limites dont le président Cyril Ramaphosa a en tout cas bien conscience, puisqu’il a récemment promis vouloir s’assurer que les logements sociaux soient situés plus près des emplois et des services.
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Thu, 25 Apr 2024 - 982 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: les échecs de la réforme agraire [1/3]
Il y a bientôt trente ans, le 27 avril 1994, les Sud-Africains participaient aux premières élections libres de leur histoire. Le scrutin allait signer la fin du régime d'apartheid et la victoire de Nelson Mandela et de son parti, l'ANC. Le régime d'apartheid et les gouvernements précédents avaient limité drastiquement l'accès à la terre pour les populations noires. Dès son élection, l'ANC a voulu réparer cette injustice en achetant des milliers d'hectares et en les redistribuant aux communautés spoliées. Trente ans plus tard, l'un de ses programmes n'a pas atteint ses objectifs.
De notre correspondant à Pretoria,
Portia Mdhlovu est invitée à monter sur scène pour partager son expérience. En 2010, l’État a racheté et redonné les terres que sa communauté réclamait. « Sous l’apartheid, ils ont exproprié les gens des fermes, car ils avaient conscience du potentiel économique de leurs terres. Nos grands-parents ont été déplacés dans les zones rurales où le sol n’était pas cultivable », relate Portia Mdhlovu.
Une fois la terre restituée, un conseil d’administration veille à l’exploitation de la terre au bénéfice de tous. Ici des terres agricoles, là des projets immobiliers qui génèrent des profits redistribués sous forme de revenus ou de bourses scolaires. C’est ce qui motive le collectif. « Tout le monde veut que ça marche. Ils partagent les mêmes objectifs, ils travaillent ensemble et ils impliquent toute la communauté », souligne Portia Mdhlovu.
Des problèmes rencontrés par les associations communales
Mais cet état d’esprit manque dans la majorité des associations de propriété communales, les structures qui reçoivent les terres. Seuls 7% d’entre elles fonctionnent correctement. Ces associations regroupent des centaines, parfois des milliers d’individus qui peuvent entrer en conflit, regrette le journaliste agricole Tiisetso Manoko, du magazine Food For Mzansi.
« Les principaux problèmes traversés par les associations communales, ce sont : une mauvaise gestion financière, une mauvaise gestion des ressources et des conflits d’intérêts. De nombreuses figures du monde agricole et même le gouvernement se demandent si on a vraiment besoin de ces associations », explique Tiisetso Manoko.
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Favoriser la propriété individuelle ?
Le parti d’opposition, l’Alliance démocratique, appelle à les supprimer pour favoriser la propriété individuelle. Il faut surtout ajuster le dispositif, défend Kgampi Bapela, spécialiste en développement agricole pour une filière du gouvernement, Industrial Development Corporation (IDC).
« Au lieu de donner les terres à tout le monde, il faudrait identifier des jeunes fermiers au sein de ces communautés prêts à exploiter la terre immédiatement », pense Kgampi Bapela. « C’est une chose de redistribuer la terre, mais s’il manque la technique, si les communautés ne sont pas préparées... Il faut une approche intégrée. »
Alors que ce programme fonctionne mal, le parti radical de l’EFF appelle à une réforme polémique : la nationalisation de toutes les terres.
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Wed, 24 Apr 2024
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