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803 - Sortie du franc CFA: quelles conséquences pour l’Alliance des États du Sahel? (1/2)
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  • 803 - Sortie du franc CFA: quelles conséquences pour l’Alliance des États du Sahel? (1/2)

    L’un des objectifs politiques affichés par l’AES est de retrouver une souveraineté monétaire. Ces trois États – Mali, Niger, Burkina Faso – veulent créer leur propre monnaie et abandonner le franc CFA, adossé au cours de l’euro, imprimé en France et perçu comme un vestige de la colonisation française. Mais qu’impliquerait la sortie du franc CFA ? Dans un article conjoint, deux experts, François Giovalucchi de l’université catholique de Madagascar, et Marc Raffinot, de l’université Paris-Dauphine, rappellent que ces États devraient sortir de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

    Préalable juridique à la création d’une nouvelle monnaie : la sortie de l’UEMOA. Or cette union économique et monétaire prévoit des facilités pour la mobilité de travailleurs et des marchandises. Elle est également pourvoyeuse de liquidités pour les États. « Ce que l'on constate, c'est qu’à la fin de 2023, les pays de l'AES manquent beaucoup de devises,note François Giovalucchi, ancien chef du service Afrique centrale du Trésor français, actuel membre du conseil scientifique de l’université catholique de Madagascar. Ces pays puisent donc dans le pot commun de la BCEAO, ils bénéficient de la solidarité des autres pays. »

    Fin des liquidités de la BCEAO

    Coupés des liquidités de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, l’AES se priverait aussi de la possibilité d’emprunter sur le marché régional. « Un des avantages, un des succès de l'UEMOA, c'est que les pays se prêtent de l'argent entre eux,souligne François Giovalucchi. Par exemple, le Mali, le Niger ou le Burkina Faso émettent des titres d'État qui sont achetés par des banques essentiellement d'autres pays, par exemple de la Côte d'Ivoire. Ce qui leur permet d'avoir de l'argent qui n'est pas trop cher, avec des taux pas trop élevés, en tout cas beaucoup moins élevés que les taux des euros-marchés. Donc les pays perdraient l'avantage d'avoir accès à ces financements régionaux et devraient trouver d'autres financements, notamment internationaux, et la conjoncture ne me semble pas favorable. »

    La création par ailleurs d’une monnaie propre à l’AES, une monnaie peu attractive, risque de créer l’inverse de l’effet voulu, c’est-à-dire conduire à ce que les chercheurs appellent la « CFAïsation».

    Le franc CFA pourrait sortir renforcé

    « C’est le paradoxe qu'on a souligné dans notre papier, c'est que finalement la création d'une nouvelle monnaie risque de renforcer le franc CFA !,souligne Marc Raffinot, maître de conférence à l’Université Paris-Dauphine.Parce que tous ceux qui font du commerce entre le Mali, la Côte d'Ivoire seront intéressés à garder une monnaie forte stable pour conserver leur épargne ou conserver des actifs de sécurité. Et donc ils se retournent à ce moment-là vers le franc CFA. C’est ce qui se passe actuellement avec le Nigeria, le Ghana, qui sont attirés par le franc CFA parce que leur monnaie est une monnaie fondante. » 

    Ces besoins de devises pourraient être partiellement comblés par l’augmentation à venir de la production du pétrole du Niger et par la taxation du secteur aurifère. À condition, préviennent les auteurs, de ne pas le mettre trop rudement à contribution.

    À lire aussiLe Sénégal devient la tête de pont de la sortie du franc CFA

    Tue, 30 Apr 2024
  • 802 - La gestion des données en Afrique, une question de sécurité

    En Afrique, seule 2% des données collectées sont stockées sur le continent. Ces dernières années, des initiatives et start-up africaines se développent dans le but d’inverser la tendance. Lors de la 4ᵉ édition de l’Africa Cyber Forum tenu mi-avril à Abidjan, les échanges ont tourné notamment autour de la gestion des données dans le domaine de la santé et les défis liés à la sécurisation des informations à caractère personnel.

    De notre correspondant à Abidjan, 

    Au quotidien, les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont indispensables. Nos appareils connectés, tels que les ordinateurs et les smartphones, produisent des données en grande quantité. Une fois collectées et traitées, celles-ci aident les États et les entreprises dans la prise de décisions efficientes.

    Mais pour l'heure, l'Afrique dispose localement de très peu d’infrastructures de stockage de ses données. Pourtant, cela y va de sa souveraineté, estime Alain Yao Kouadio, directeur général de Kaydan Group, une entreprise qui investit dans le domaine de la gestion des données.

    « Vous ne pouvez pas avoir vos données sur la santé de votre population, sur le comportement de consommation de votre population et j'en passe, stockées à l'extérieur,alerte-t-il. Vous n'avez pas de souveraineté là-dessus, à tout moment ces données peuvent vous être coupées. Donc l'extérieur prendra mieux les décisions avec une plus grande acuité que vous-même parce que vous n'avez pas vos données sur place, vous ne savez pas les traiter sur place. »

    Anticiper les possibles attaques

    Dans le secteur de la santé, ces défis sont d’autant plus énormes, au regard de la sensibilité de certaines informations, notamment dans le domaine médical. « Dans les pays développés, il y a encore du hacking. Aujourd'hui, étant donné qu'on n'est pas encore autant exposé, il faut se préparer. Il faut apprendre des autres, apprendre des hôpitaux français qui ont été attaqués, dont leurs systèmes ont été bloqués », estime Éric Djibo, PDG de la polyclinique PISAM à Abidjan. « Il faut vraiment protéger ces données », insiste-t-il.

    Parmi les sujets évoqués lors de la 4ᵉ édition du Cyber Africa Forum, la question de la gestion des données était au cœur des échanges. Le but est d’attirer l’attention des autorités sur la nécessité d’investir dans ce domaine. « C'est le lieu justement pour nous à travers cette initiative de mettre un coup d'accélérateur », explique Franck Kié. Il compte sur les décideurs publics et privés « pour avoir une attention vraiment particulière sur la gestion des données, sur la sécurisation des données et sur leur exploitation également. » Pour le professionnel, il faut anticiper « avant qu'on soit face à une catastrophe, y apporter une attention encore plus particulière ».

    Le nombre de cyberattaques a plus que doublé au cours des cinq dernières années, tandis que les coûts liés à la cybercriminalité sont également en hausse, avec des estimations qui s'élèvent à 10 500 milliards de dollars d'ici à 2025.

     

    À lire aussiCybercriminalité et mésinformation en Afrique, le fossé numérique accroit la menace

    Mon, 29 Apr 2024
  • 801 - Madagascar: la logistique joue les trouble-fête dans la filière cacao

    À Madagascar, la demande de cacao est telle que les planteurs, dans le nord-ouest du pays, ont vu leur rémunération quadrupler. Le cacao rapporte cette année plus que la vanille. Pourtant, les exportateurs malgaches sont inquiets : les fèves ne peuvent pas quitter le pays, car la dernière tempête a coupé les accès au port.

    Le kilo de fèves de cacao payé 7 à 8 dollars, plus cher qu’un kilo de gousses de vanille. Eric Flavien Gérard Ranaivosoa, producteur à Ambantja, dans la région Diana, n'avait jamais connu un tel prix ni un tel engouement des acheteurs. « Entre 70 et 80% des acheteurs de cacao à Madagascar sont des nouveauxvenus, souligne-t-il. Ils n'étaient pas là il y a deux ans. Comme ils manquent de fèves partout, ils sont venus à Madagascar pour tenter leur chance et c'est ça qui fait flamber les prix. Tant mieux pour les petits producteurs. Les gens entretiennent mieux leurs plantations en ce moment. »

    Trois ponts coupés

    Mais les exportateurs malgaches comme Nayatta Keyticia Theodule sont loin de se réjouir. Pas moyen depuis un mois d'acheminer les fèves jusqu'au port d'Antisiranana, encore appelé Diego, à cause des destructions du dernier cyclone. « On a trois ponts coupés, une route inondée, c'est inaccessible. Actuellement, nos produits sont stockés dans l'entrepôt, les contrats sont signés, mais il n'y a pas d'export. »

    Tant que les fèves ne quittent pas la Grande Île, l'exportatrice ne sera pas payée et elle craint de manquer de capital pour payer la récolte. « Car il faut continuer d'acheter,souligne-t-elle.Les producteurs vivent au jour le jour. Alors que de notre côté, on ne peut pas envoyer les produits disponibles en ce moment. »

    Vers un manque de capital pour payer les producteurs

    L'alternative du port de Nosy Be est exclue : les produits industriels et chimiques qu'il importe pourraient dénaturer le cacao malgache qui devrait au préalable prendre le bac, avec un risque de contact avec l'eau de mer.

    Dernier recours, craint Nayatta Keyticia Theodule : une longue route vers les ports d'autres régions malgaches. « Ce sera Majunga ou Tamatave et ça, ça va coûter très cher. Nous ne pouvons pas demander à nos importateurs de faire un prix spécial pour les contrats déjà signés et ça va être à la charge de la société. »

    L’exportatrice craint aussi l’insécurité sur la route, d'autant qu'à Madagascar, les vols de fèves de cacao se multiplient.

    Fri, 26 Apr 2024
  • 800 - Flambée des cours du cacao: les gagnants parmi les pays producteurs de fèves

    Alors qu’en Côte d’Ivoire et au Ghana, la récolte est mauvaise et l’augmentation du prix au planteur limitée, les producteurs du Cameroun, du Nigeria ou de République démocratique du Congo se frottent les mains. Non seulement ils profitent à plein de la hausse des cours, mais ils sont devenus des alternatives très recherchées pour les acheteurs en manque de fèves, comme en témoignent les opérateurs présents à Bruxelles pour la conférence mondiale du cacao.

    De notre envoyée spéciale de retour de Bruxelles,

    Plafonné à 1 000, puis 1 500 francs CFA en Côte d’Ivoire, ou leur équivalent au Ghana, le kilo de cacao s’est vendu plus de 5 100 francs CFA – soit plus de 8 dollars au Cameroun –, le troisième producteur africain. Les planteurs camerounais tirent actuellement pleinement profit de leur système libéralisé, après des années difficiles.

    « Au Cameroun, la commercialisation est libre, elle est directe, il y a peu d’intermédiaires», souligne Omer Maledy, secrétaire exécutif des professionnels du café et du cacao du Cameroun. « Le producteur camerounais, informé des cours du cacao quotidiennement, fait son marché, il fait au mieux pour gagner plus. On souhaite que ça dure, qu’ils gagnent bien et qu’ils gagnent longtemps, parce qu’il y a à peine plus d’un anon était encore au plus bas des cours, donc s'ils peuvent être élevés, qu’ils le soient le plus longtemps possible ! »

    Quatrième producteur africain, le Nigeria est très sollicité ces derniers mois. Un intermédiaire présent à Bruxelles pour la Conférence mondiale du cacao compte vendre 30% de fèves supplémentaires cette année, aux négociants Olam et Sunbeth.

    À lire aussiLe prix du cacao durable fait débat à la Conférence mondiale de Bruxelles

    Pas de stock, pas dans les dépôts

    Immense pays, mais encore petit dans le cacao, la République démocratique du Congo n'en voit pas moins affluer plein de nouveaux acheteurs en mal de fèves. « De plus en plus, il y a des acheteurs qui n’étaient pas présents en RDC mais qui commencent à venir», constate Séraphine Ntoumba, qui appuie les producteurs de cacao de la région du mai Ndombé et du Kongo central (ex-Bas-Congo), dans l’ouest de la RDC, pour l’ONG Trias. « Donc, on a l’opportunité de présenter la bonne qualité de la RDC et de bénéficier des prix qui augmentent. »

    Le kilo de fèves, qui rapportait au maximum 2,5 dollars aux producteurs de ces coopératives congolaises l’an dernier, a plus que doublé, et l’intégralité de leurs 200 tonnes a été vendue. « Les coopératives qu’on accompagne ont la facilité maintenant d’écouler leur produit à temps, se félicite Séraphine Ntoumba, et donc ça ne traine pas dans les dépôts, c’est acheté avant même d’être produit. » Le dernier lot partant ce mois-ci, les acheteurs de cacao auprès de ces coopératives congolaises devront désormais attendre les fèves de la récolte principale, à partir d’août et septembre prochains.

    Thu, 25 Apr 2024
  • 799 - Cameroun: une nouvelle usine d’aliments pour les élevages avicoles

    Au Cameroun, les importations de volaille sont interdites pour protéger la production locale. Mais la survie des élevages est régulièrement mise en péril, par la grippe aviaire mais aussi par le manque d'aliments du bétail de qualité à un prix abordable. Alors que s'ouvre le Salon international de l'aviculture à Yaoundé, une nouvelle usine d'aliments est inaugurée à Olembe, au nord de la capitale. Quel impact sur la filière ?

    Devant la demande croissante des élevages de volaille au Cameroun, l'usine d'alimentation animale du groupe NJS, du nom de son fondateur Noutchogoin Jean Samuel et située à Bafoussam, était saturée. Désormais, le champion camerounais de l'agroalimentaire dispose d'une autre usine à Olembe, au nord de Yaoundé : les Provenderies du Centre. Un choix d'emplacement stratégique, selon son directeur général.

    « Cette société est née du fait que notre plus grand marché d'aliments pour la volaille, surtout, et le porc, est Yaoundé, dans le Centre, explique Bart Buytaert. Tout devait toujours être transporté de l'Ouest, avec tous les problèmes logistiques. On s'est donc dit qu'il nous fallait quelque chose dans le Centre. D'où cette usine qui reprend une grande partie de la clientèle déjà existante de la toute première société. »

    Vers une meilleure qualité de l’alimentation du bétail ?

    Cette nouvelle usine pourra monter jusqu'à 100 000 tonnes d'aliments complets par an, soit plus du tiers des besoins actuels en nourriture des élevages de poulet du Cameroun, mais aussi à l'avenir alimenter des élevages dans les pays limitrophes, Congo ou Gabon. Expert en nutrition et en santé animale, le docteur Albert Ichako espère avant tout une montée en gamme de l'aliment du bétail au Cameroun.

    « Nous avons beaucoup de provendiers[de provende, le mélange alimentaire destiné aux animaux d'élevage, NDLR] qui malheureusement ne respectent pas les caractéristiques de matières premières et les besoins des animaux, déplore-t-il. Le fait d'installer cette usine ultra-moderne, où on va faire des analyses afin de répondre aux besoins des animaux, permettra non seulement de lutter contre l'aliment de mauvaise qualité, mais aussi de rendre l'aliment disponible sur l'ensemble du territoire. »

    Faute de maïs local, produire des poulets de chair n’est pas rentable

    Reste un problème de taille : la disponibilité en maïs, qui entre pour deux tiers dans l'alimentation des volailles. La production de cette céréale au Cameroun a été découragée par le coût élevé des engrais, depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le prix du maïs est le principal frein pour les élevages, selon l'interprofession avicole, l'Ipavic. « Avant, on achetait le maïs autour de 180 francs CFA le kilo [l'équivalent de 2,70 euros] et en début d'année 2023, on est passé à 300 francs,rappelle son président François Djonou.Vous imaginez, le prix a doublé ! Il faut surtout que le ministre en charge de l'agriculture développe la production de maïs », insiste-t-il.

    La nouvelle usine sera-t-elle à même de doper la production locale de maïs ? Entre 20 et 40% des besoins en cette céréale sont toujours importés. Les éleveurs vendent quasiment à perte leurs poulets de chair, du fait de la cherté de l'aliment du bétail. C'est ce qui explique que la production avicole camerounaise, 44 millions de tonnes l'an dernier, n'a toujours pas remonté la pente depuis la grippe aviaire de 2016.

    Wed, 24 Apr 2024
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